Un chemin de dignité pour sortir du bidonville

image

J’aimerais d’abord associer à ma prise de parole Caroline Dufoix, qui effectue un travail considérable sur des questions comme celles des bidonvilles, ainsi que Monsieur le Président du CCAS qui a dû développer toute une ingénierie pour pouvoir mettre en œuvre toutes les dispositions qui sont à l'œuvre. Je voudrais rappeler plusieurs choses pour la commune de Montpellier.

Nous sommes une des rares communes non carencées en matière de loi SRU. Nous assumons notre devoir de solidarité sur la question du logement à hauteur de plus de 25 %. Et quand vous connaissez la croissance démographique de notre territoire et les complexités pour produire du logement, c'est remarquable. J'invite d'ailleurs tout le monde à respecter cette loi. Deuxième aspect, depuis que je suis Maire, nous avons sur ce sujet, en parfaite coordination avec l'État, abordé ces sujets pour changer la donne.

Je voudrais ici rafraîchir la mémoire de certains. Le squat des Beaux-Arts, des Archives Départementales. Chaque année, pendant 4 ans, nous avons vu les banderoles des riverains inquiets.

En mobilisant les dispositifs de la loi Wargon, nous avons déployé du logement intercalaire pour pouvoir accompagner les situations. Nous avons réglé le squat du «Court-circuit », situé Boulevard Carnot.

Nous avons résorbé un certain nombre des squats de notre ville. Et disons clairement les choses. Le squat n'est pas la norme. Il y a pu y avoir des situations, mais nous nous efforçons de les régler.

Ce n'est pas la norme, nous nous efforçons de les régler. Et puis à Montpellier, il existe des bidonvilles qui sont présents depuis 2008, liés à la crise qui s'est produite en Europe de l'Est. C'était notamment le bidonville de Celleneuve, qui est monté jusqu'à 240 personnes.

Et vous avez des mots très forts, Monsieur le Préfet. Et moi, je me dois de témoigner, parce qu'il se trouve que pendant près de 8 ans, il a été là, et les situations humaines, et je veux vraiment vous remercier d'avoir commencé par ça, étaient scandaleuses. Il y a une personne très âgée qui est décédée, un bébé qui est décédé, et puis évidemment des familles, des enfants, qui étaient livrés à eux-mêmes, ou pire, à des réseaux qui les exploitaient.

Ces réseaux, avec l'autorité de l'État, ont été démantelés, d'où le fait qu'une partie du nombre de personnes par rapport à l'origine a diminué : ceux qui exploitent la détresse humaine doivent comprendre que la fermeté est au rendez-vous. Nous avons réussi quelque chose qui, aujourd'hui, a valeur d'exemple. Moi, je veux dire, ce qu'on a fait sur Celleneuve, c'est une opération remarquable.

On a trouvé un terrain, des financements. On est allé saisir des financements européens, c’est-à-dire que nous n’avons pas pris sur le budget de la Commune.

L'État, et je veux remercier ici M. le Délégué Interministériel, a mobilisé des crédits parce que nous avions une stratégie crédible, sérieuse, qui donnerait des résultats. Et c'est sur cette base-là que nous pouvons continuer. On a fait le village de transition à La Rauze.

Ça a été très dur. Pour les riverains, avec des incompréhensions, pour moi-même, puisque j'avais droit aux banderoles que mes enfants découvraient quand on revenait de la mer un dimanche en fin d'après-midi, avec toute la violence que peut être le rejet de l'autre. Il faut se souvenir de cela aussi.

Et puis finalement, des riverains ont été accompagnés. Tout le monde a mené le dialogue. Madame Dufoix, le CCAS, a développé son ingénierie propre.

Et nous avons donc pu tenir les engagements. Il y a un an, jour pour jour, M. le Préfet, nous étions ensemble pour sceller, sceller physiquement ce terrain et accompagner, prendre acte que les familles ont été accompagnées. Et merci aux journalistes qui ont effectué ce travail, qui ont montré que ça marchait, qui montraient que la remobilisation de logements, les droits sociaux, amenaient à l'emploi.

Parce que fondamentalement, ça fonctionne.

On a acquis collectivement des savoir-faire. Des ressources pour faire et bien faire. Et c'est dans cet esprit de confiance réciproque entre les partenaires que nous nous sommes dit que, si nous y sommes arrivés pour cet immense bidonville, l'un des plus gros du Sud de la France, alors nous pouvions continuer à nous attaquer à d’autres.

Et pour faire ça, nous avons ce lieu. Ce lieu qui, auparavant, était une auberge de jeunesse, a fait l'objet de nombreuses critiques concernant ses conditions d'accueil. Aujourd'hui, le modèle des auberges de jeunesse telles qu'on les a connues, s'est complètement renouvelé et il en existe d’ailleurs dans la ville.

Il y a des chambres à 20 euros, des petits groupes de colocation. Pour cet accueil spécifique des jeunes qui sont de passage, une offre qui s'est reconstituée. Et là encore, nous n'agissons pas au détriment d'une offre existante.

Et donc nous, on a dit, dans cette stratégie, la contribution de la Municipalité, c'est de céder à la Fondation pour le Logement, ce lieu qui n'a pas vocation à prendre pour 3 ans les familles, mais de créer des conditions, grâce au crédit de l'État, je le remercie, de remobilisation pour reconstruire un parcours résidentiel, un parcours de l'emploi, pour pouvoir retrouver un chemin de dignité. Et donc, voilà pourquoi on est dans ces locaux, pourquoi c'est actuellement en chantier, parce qu'il va falloir passer aux travaux pratiques très vite.

Je tiens à remercier évidemment la Fondation pour le Logement, l'ensemble des acteurs associatifs qui sont engagés à nos côtés pour réussir cela. Nous construisons là une politique structurée, structurante, de résorption des bidonvilles. Nous prenons les chiffres tels qu'ils sont, et nous allons vers leur résorption.

Car, je le redis, le bidonville, ça n'est pas la norme, il n'a pas vocation à être banalisé, comme le squat n'est pas la norme. Il s’agit pour nous de créer des lieux dédiés à l'accompagnement. Je veux poser ça de manière très claire, et rappeler par ailleurs que la construction de ces logements n’implique pas de passer devant le dossier de quelqu'un qui a fait une demande de logement social.

Nous sommes là dans des contingents réservés, dans le cas des dispositifs prévus par la loi, dans le parc social. On ne passe pas devant quand on sort du bidonville. On est dans des dispositifs prévus.

Là aussi, il faut qu'on soit très rigoureux pour se méfier de tous les populistes qui veulent nous opposer les uns aux autres. Donc, voilà ce qu'est ce lieu. J'ai oublié de vous dire que ça s'inscrit intercalaire, production de logement social, résorption de bidonville, avec vos services, Monsieur le Préfet, c'est l'acquisition des Fauvettes, cher Michel Calvo, qui permet, pour les gens qui sont en demande d'asile, de pouvoir avoir des conditions d'accueil dignes.

Je terminerai, je suis seul à avoir le droit de dire ça, mais si tout le monde faisait comme à Montpellier, il y aurait moins de problèmes.

Le programme « Pension de famille », que nous avons contractualisé dans le Plan Pauvreté, c'est 200 logements qui ont permis à 200 personnes de sortir de la rue en 4 ans. 200 personnes sorties de la rue en 4 ans.

Et là encore, c'est parce qu'on a travaillé ensemble que nous avons ces dispositifs. Avec toutes les difficultés que ça représente, avec les incertitudes budgétaires qui peuvent exister, il y a des engagements qui sont présents, qui nous permettent d'agir pour un mot d'ordre qui est la dignité dans l'accès au logement. Vous avez des enfants qui ne sont pas en situation d'être scolarisés, parce qu’il y a beaucoup de freins. Là aussi, nous sommes mobilisés, on ne fait pas l’autruche.

Ici, on retrouve ses manches. C'est dur, c'est très dur, mais nous avançons, et si vous avez un doute, voilà une preuve : c'était il y a un an. La fermeture du village de transition de la Rauze, qui marquait la fin du bidonville de Celleneuve, ce terrain sur lequel nous avons installé un chapiteau, et bientôt nous y installerons l'hôtel des Sécurités.

Merci à tous, et vive Montpellier !