Discours de Michaël Delafosse lors de l'European Junior Doctor
"Je suis extrêmement honoré d’être présent ce matin, en qualité de maire, qu'il me soit permis de saluer les personnalités qui sont présentes, Gérald Chanques qui représente la faculté de médecine et qui vient nous offrir un très beau moment d'érudition. Merci à lui. Évidemment, je tiens à saluer le président de l'EJD (Européen Junior Doctor) et Philippe Cathala qui représente ici l'Ordre des médecins.
Soyez les bienvenus et merci à vous du travail accompli. L'année dernière, alors que je courais vers un autre événement, il me courait après dans un escalator et m'a dit « il faut absolument venir ici parce que nous accueillons des représentants internes de tous les pays d'Europe ». Et j'ai dit « ok, je suis très heureux, merci à vous.
Il a été rappelé il y a quelques instants l'histoire de Montpellier et de la médecine. Notre Ville est très attachée à l’idée cosmopolite : Qui vient ici, est ici le bienvenu. Et donc soyez les bienvenus à la fois représentants de l'Union Européenne ou hors espace de l'Union Européenne pour nos amis britanniques.
Je voudrais avoir un mot, tout particulièrement pour la délégation ukrainienne. Je trouve, monsieur le président, que c'est un grand honneur de contribuer à maintenir dans ce contexte le dialogue avec l'Ukraine. Et vous me disiez en aparté que la délégation de Turquie avait été empêchée pour des raisons politiques.
Et il me semble important de témoigner aussi notre soutien car le métier que vous exercez, lui, il est universel. D'ailleurs, qu'il me soit permis de dire qu'une des coopérations que nous menons actuellement avec l'Ukraine, c'est avec l'hôpital de Lviv. Où, grâce à l'hôpital public de Montpellier, grâce à des étudiants, grâce à des médecins, nous faisons des convois humanitaires puisque Lviv c'est la ville de l'arrière du front qui soigne les blessés.
Et nous sommes à notre 23ᵉ convoi humanitaire, matériel médical, etc. Je ne peux que me réjouir qu'il existe un dialogue entre des représentants de systèmes de santé sans doute un peu différents, de formations académiques différents à l'échelle européenne. Parce qu'au fond, c'est ça l'Europe, c'est apprendre les uns des autres, c'est construire des coopérations parce que nous avons le sentiment d'appartenir à une communauté de destin qui nous est commune.
Car il est fondamental que le progrès scientifique, le progrès médical se passe et continue à se passer sur le continent européen. Il y a aujourd'hui d'autres espaces du monde avec lesquels il faut coopérer, mais qui affirment que leurs pratiques de santé peuvent être un élément du nouveau soft power contemporain. On pense évidemment à la Chine, on peut aussi penser au système américain.
Donc votre association, elle est précieuse parce que si nous ne pensons pas en européen, et bien un jour nous ne pourrons plus penser en tant que nation et citoyen. Donc merci à vous. Permettez-moi d'identifier quelques enjeux à partager,
Le premier n'est pas dans votre congrès mais il a été évoqué. Il faut défendre la science, la figure du médecin. Il y a aujourd'hui dans nos sociétés démocratiques une grande défiance de nos concitoyens face à la science.
La crise du Covid a révélé que le grand acquis qui est la vaccination était défiée. Ça a frappé Montpellier, ville de science, mais ça a frappé toutes les nations d'Europe. Vous-même, vos pairs sont confrontés à Google médecin, sont confrontés à des formes d'influence qui défient l'exercice et la pratique de la médecine.
Cela me semble être important pour vous comme ça doit l'être pour moi comme responsable politique pour défendre la figure d'autorité au sens académique, au sens du savoir, au sens de la pratique qui est le médecin. Cela me semble indispensable car c'est un défi parce que nous en France, on a eu un professeur Raoult sur l'hydroxychloroquine D'ailleurs, nos amis américains sont confrontés au même problème dans l'élection qui aura lieu en novembre prochain.
Je veux partager avec vous ce défi parce que moi qui ne suis pas médecin, mais un professeur d'histoire et surtout un responsable politique, je pense que mes paires, les maires, les députés, les ministres, tous, nous devons faire bloc derrière ceux qui incarnent l'autorité médicale. Cela me semble être un point fondamental et donc le premier message est un message de confiance. Le second, c'est un message d'espoir.
Je trouve remarquable que dans vos travaux la question de la féminisation ou plutôt de la place des femmes dans l'apprentissage de la médecine et l'exercice de la médecine soit posée. Penser en européen, c'est continuer à penser qu'il est une anomalie que les femmes n'aient pas les mêmes chances que les hommes pour réussir leur carrière. Où parce qu'elles seraient femmes, elles peuvent être victimes de comportements absolument inacceptables, ce qu'on appelle les violences sexuelles et sexistes. Actuellement en France, le phénomène d'une Me Too touche le monde médical, ça doit être appréhendé avec le respect de la présomption d'innocence mais nous sentons que la parole se libère et il me semble très important d'appréhender l'ensemble de ces sujets, échanger sur les bonnes pratiques, sur les points de vigilance parce que des témoignages arrivent et ils sont autant inentendables qu'inacceptables.
Le troisième point, c’est qu’on n'exerce plus la médecine comme il y a deux générations où la médecine se vivait comme un clerc de l'église, un sacerdoce. Aujourd'hui un médecin, un docteur ou une docteure veut pouvoir concilier un équilibre professionnel avec son équipe professionnelle dépend beaucoup de son équilibre familial et c'est un enjeu que nous sentons ici quand on diplôme les étudiants, moi j'assiste à ces cérémonies et le major de promotion tient toujours un discours sur “moi je veux du temps libre, je veux lire des livres, je veux me cultiver, je veux vivre” et ça c'est un défi, joyeux, c'est un défi qui est majeur, qui est posé au système de santé parce que donc le temps médical que vous avez reçu en formation il est forcément moindre et ça pose donc un sujet de pénurie de médecins, en tout cas en France on le sent et je sais que dans d'autres pays d'Europe cette question se pose mais nous ne répondrons pas à la pénurie de médecins en demandant aux médecins de travailler plus, nous répondrons à la pénurie si nous formons plus, si nous accompagnons les projets de mobilité à la fois à l'échelle européenne mais aussi professionnelle, à l'occasion d'en parler d'ici quelque temps mais cela me semble être un enjeu qui est majeur et qu'il faut traiter que votre association en tout cas au niveau français c'est un débat que vous menez avec force j'imagine au niveau européen.
Le dernier point ce sera ma conclusion, venir à Montpellier c'est réaliser une promesse, c'est de partir tous meilleurs et nous partirons tous meilleurs si nous avons bien appris les uns des autres, si nous avons pu apprendre des défauts ici pour les corriger., je vous salue la délégation d’Estonie parce que nous avons rencontré récemment le maire de Tallinn où je me suis rendu, on a eu plein d'échanges et avec eux, on a porté un projet de mobilité, on a rendu les transports en commun gratuits comme à Tallinn. Je pense que ces échanges-là ils doivent nous permettre de rendre nos systèmes de santé meilleurs, votre pratique de la médecine est toujours aussi exigeante du point de vue du geste professionnel mais toujours aussi est fidèle au serment d'Hippocrate qui est la grande pratique de la médecine humaniste. Voilà ce que je voulais vous dire ici dans cet amphithéâtre dit d'anatomie si imposant qui rappelle que la médecine joue un rôle très important à Montpellier et qu'aujourd'hui un nouveau chapitre de l'histoire de la médecine à Montpellier s'est écrit par la tenue de cette rencontre de représentants des internes de ce magnifique projet qui est l'Europe. Très bon travail à vous, soyez les bienvenus, travaillez bien évidemment mais savourez aussi la ville de Montpellier .
Je vous remercie."