La culture est en danger, donc nous sommes là pour la défendre !

Le Maire avec les artistes.

Discours dans le cadre du vernissage de l'exposition à Saint Ravy

Public : Grand public 7 février 2025

Ils ont tout tellement bien dit. Vraiment. Tellement bien dit.

Alors Alexandre, Paco, je ne viens pas souvent, parce que mon agenda est compliqué, devant Agnès que je salue si bien. Mais je vais vous dire une chose.

J'ai rarement vu autant de monde pour une expo à Saint-Ravy. Et alors, c'est dire, et j'ai un peu l'impression qu'il y a tout Montpellier qui est là. Ça s'entend qu'il se passait quelque chose.

Donc Alexandre, pour les visages, on va continuer. Et d'ailleurs, il faudra revenir tous les deux ici à Saint-Ravy. 

Voilà. Je suis vraiment très heureux d'être là ce soir. Vous réussissez en plus un exploit. Il y a le maire, il y a l'élu à la culture, c'est normal. Il y a le maire, il y a la députée. Et il y a tout Montpellier.

Donc vraiment, il se joue quelque chose. D'abord, il se joue pour des gens qui connaissent votre travail. 

Alexandre, moi, je découvre les mille visages, peut-être un peu plus ou un peu moins. Mais il y a plein de gens qui connaissent votre travail, qui vous accompagnent pour défendre vos œuvres, vos émotions, ce que vous exprimez. Et ça, c'est beau. C'est beau et vous avez eu des mots très forts.

Vous avez mis plein d'énergie dans votre discours à remercier des gens. Nous, on vous remercie d'être là et de faire, de créer. Vous avez évoqué un remerciement que je voudrais appuyer aussi. Dans un lieu dont je voudrais dire la grande fierté qu'il existe pour notre ville. Et moi, comme maire, je suis très fier de savoir que ça existe. C'est La Bulle Bleue.

C'est un projet incroyable qui a cassé tous les codes, qui a réussi à bousculer toutes les représentations et fait exceptionnel toutes les procédures réglementaires qui en général rendent impossibles les projets d'innovation et d'invention.

La Bulle Bleue est un lieu exceptionnel pour le spectacle vivant, pour soutenir ceux et celles qui veulent créer. Et merci d'avoir cité Delphine Maurel, et à travers elle, toute l'équipe.

Il faut qu'il y ait plus de lieux comme ça en France. Et d'ailleurs, il faut qu'on le dise comme ça. Il faut qu'il y ait plus de lieux comme ça en France comme La Bulle Bleue parce qu'il y a plein d'endroits en France où il y a sans doute des énergies aussi généreuses que les vôtres qui ont besoin de s'exprimer. C'est important. C'est une fierté.

Paco, tu as dit quelque chose de très important aussi. La culture est en danger. C'est vrai, elle est en danger. Elle est en danger parce qu'elle est menacée par plusieurs phénomènes. 

Le premier, c'est le populisme, c'est la vulgarité, c'est l'ignorance. Le populisme, il consiste à dire que ça coûte cher, que la culture c'est pas important. Il consiste à exprimer des lieux communs violents, blessants, sans chercher à comprendre. La vulgarité, je ne vous fais pas un dessin, les deux autres côtés de l'Atlantique, elle la dirige et elle est aussi présente sur les écrans que tu dénonçais, parfois à la télévision.

Et l'ignorance, c'est que parfois les citoyens et citoyennes que nous sommes, oublions l'importance de la culture, au point que parfois, on accorde un peu de crédit aux uns et aux autres qui s'en occupent et puis on n'est plus tout à fait vigilants au moment où d'un seul coup, un théâtre ferme, une salle de concert s'éteint, où on déconventionne une compagnie dans une forme d'indifférence. Et ça, c'est un mal qui est en train de guetter la France. Alors nous ici, je ne dis pas qu'on fait tout bien, d'ailleurs il y a plein de choses qu'il faut qu'on fasse encore mieux, mais ici on croit dans des choses. On croit dans l'éducation, on croit dans la science et on croit dans la culture parce qu’au fond, pour paraphraser une expression qui dit “au début était le verbe”, mais moi je pense qu'au début est la culture. Et que la culture est un combat. Les remerciements que vous avez adressés sur cette salle valent un combat.

C'est le choix d'avoir une salle qui ne soit pas un lieu de commerce mais qui soit un lieu d'exposition. C'est d'avoir, depuis qu'Agnès est en responsabilité, je l'en remercie, d'avoir un fonctionnaire qui va garder le lieu, plutôt que de demander aux artistes de gardner le lieu où ils exposent parce que les artistes, il faut qu'ils retournent dans leurs ateliers pour travailler. 

C'est un combat, il faut prendre la parole en ce moment. Parce qu'à force d'avoir expliqué que la décentralisation c'était un millefeuille, à force d'avoir dit du mal du millefeuille, les collectivités territoriales ne font plus tout à fait ce qu'elles faisaient il y a 10 ans, des financements croisés pour s'entraider et pour la culture ; qu'à force de considérer que tous les taquins ne tiendront pas compte d’une égalité de répartition entre la capitale et les autres territoires dans notre pays, il faut que les citoyens et les citoyennes continuent à mettre la pression sur leurs représentants en leur demandant quelles sont leurs convictions sur la culture, que parfois il faut les juger sur le fait que c'est bien qu'ils aillent soutenir les équipes sportives, mais c'est bien aussi des fois d'adresser des messages aux artistes. 

Je vous dis ça avec beaucoup de franchise, parce qu'en ce moment moi je suis travaillé par des décisions difficiles. Je constate que la France que nous avons pu connaître n'est plus tout à fait là. L'ambition en faveur de la culture est moins présente. Le souffle semble se reposer et pourtant, elle, les énergies, elles sont là.

C'est La Bulle Bleue, c'est les artistes, c'est ces figures qui sont le symbole de la créativité, de l'émotion, de la sensibilité, invitées à contempler quand d'autres veulent nous faire scroller ou nous faire combattre. Et donc il faut défendre cela.

On va être aux côtés de la culture parce que tu as raison, elle est en danger. Donc nous on va le faire. Mais il faut qu'on le fasse tous rappeler son importance, rappeler qu'elle est essentielle, rappeler qu'elle n'est pas superflue, et peut-être plus profondément encore, qu'elle est le symbole d'une forme de légèreté que nous avons la chance d'avoir.

Quand dans des pays du monde, on tue des artistes parce qu'ils sont artistes, c'est en Afghanistan, c'est en Iran, que sans doute aux Etats-Unis, les artistes vont être menacés par ce nouveau pouvoir très inquiétant, que dans certains pays d'Europe, dits illibéraux, on coupe complètement toute subvention des théâtres et ils ferment parce que le gouvernement le demande. Parce que certains élus mettent la pression sur les dirigeants artistiques dans les choix de programmation. J'étais tout à l'heure dans un théâtre, je ne dirai pas la ville, et là-bas, le théâtre était tout à fait subventionné, mais il y avait une production de comédie de boulevard.

Donc la culture, elle est en danger, mais ici, ce soir, grâce à nous, elle est bien vivante. Et ce soir, il y a beaucoup de monde qui est là, avec une double exigence, d’abord vous dire bravo et merci ; la seconde, c'est peut-être de devenir ambassadeur de cette exposition. Dimanche à midi, viens à Saint-Ravy, il y a un truc incroyable. Et viens voir à La Bulle, il y a des choses incroyables. Et le troisième message, c'est moi, Paco, c’est pour te répondre, c'est que la culture est en danger, donc nous sommes là pour la défendre.

Et le maire de Montpellier défendra la culture, parce que les citoyens et les citoyennes de Montpellier considéreront aussi que la culture est essentielle. Je vous le demande. Si nous ne parlons pas, tout ça peut s'arrêter.

Si nous ne prenons pas la parole les uns les autres, tout ça peut s'arrêter. À Montpellier, j'ai une conviction, chère Agnès, quand on présente des projets, on a l'unanimité. Gauche, droite, on se retrouve, c'est bon signe. Ce n’est pas le cas partout. Il faut que vous preniez la parole parce que Paco et Alexandre, parce que tous les artistes de la Bulle Bleue, tous les artistes de notre ville et de notre pays, ils ont besoin des citoyennes et des citoyens pour dire que la culture, c'est le sens d'une société et c'est ce qui tire et touche nos âmes.

Voilà. Bravo à vous. Merci.

Et continuez, nous ne lâcherons rien. Merci.