Discours de Michaël Delafosse
Monsieur le Préfet, Madame la Rectrice, Monsieur le Procureur Général de la République, Monsieur le Représentant du Département, Monsieur le Doyen de la Faculté de Droit, Monsieur le Représentant des Autorités Civiles et Militaires, merci de votre présence ainsi que celle du Consul de Pologne, des membres des associations mémorielles et patriotiques, et des porte-drapeaux. Permettez-moi de saluer votre engagement bénévole tout au long de l'année en faveur de la mémoire.
Mesdames et Messieurs, nous nous retrouvons, comme partout en France, pour honorer la mémoire de la Résistance. Ici, à Montpellier, nous le faisons en ce lieu symbolique où se trouve la photo choisie par Laure Moulin, la sœur de Jean Moulin, pour l'entrée au Panthéon de celui qui a réussi, à la demande du Général de Gaulle, à unifier les mouvements de la Résistance. Cette photo fait partie intégrante de la mémoire collective de notre pays. De génération en génération, elle se transmet. La Résistance a un visage, celui de Jean Moulin, et derrière ce visage, les âmes de ceux qui ont sacrifié leur vie, comme lui.
C'est ici, Monsieur le Préfet, que lors de votre prise de fonction, nous avons tenu cette cérémonie. Jean Moulin, étudiant à la faculté de droit, dont la carte d'étudiant est maintenant visible, fut ensuite le directeur de cabinet du Préfet de l'époque, avant d'être nommé Préfet d'Eure-et-Loire, où il accomplit déjà des actes de résistance en refusant que soient mises à mort des combattants de couleur victimes du racisme. Jean Moulin incarne cette figure de notre ville.
Cette photo, choisie par sa sœur Laure, chère Rose, qui était une figure familière de Montpellier, ne représente pas seulement Jean Moulin, mais aussi sa propre implication dans la Résistance à Montpellier. L'année dernière, lors d'une cérémonie émouvante, nous avons renommé la promenade prolongée de l'aqueduc des Arceaux en Cours Laure Moulin.
En remontant cette promenade, nous arrivons sur la place des Martyrs de la Résistance. Notre ville est marquée par cet engagement, cher Jean-Pierre, et cet engagement, Monsieur le Sénateur, a été tes premiers faits d'armes professionnels auprès de Monsieur Chaban-Delmas, une grande figure de la Résistance.
Cette expérience a imprégné des générations qui ont côtoyé les témoignages de résistants, venus dans les écoles partager leurs expériences du combat, comme le chant des Partisans de Druon le décrit si bien. Ces témoignages familiaux intimes, ces dernières paroles des témoins de cette période, sont essentiels.
Je tiens à saluer la mémoire de André Otto, qui nous a quittés il y a trois mois, une figure inlassable du musée de la Résistance et de la Déportation. Ces noms vivent dans notre ville et à travers tout le pays. À l'heure où la France se prépare à recevoir les nations d'Europe et d'Amérique pour commémorer la libération de notre sol ce 6 juin, nous devons aussi engager ces commémorations pour permettre aux générations actuelles et futures de connaître notre histoire.
Je remercie chacun et chacune d'entre vous pour votre participation aux célébrations du 80e anniversaire de la libération de la ville, qui auront lieu fin août. Il est crucial de mener un travail de mémoire pour rappeler les noms qui auraient pu être oubliés et de corriger les omissions.
Avec Madame la Rectrice et Monsieur le Préfet, nous allons rénover les geôles de l'Auve pour en faire un grand lieu de visite pour les scolaires. Ces geôles témoignent de l'occupation, mais le vrai visage de la France est celui de la Résistance, face à la collaboration de la milice et des défenseurs de la révolution nationale.
Cette année marque les 80 ans de la libération du sol français, et il nous faut marquer cet engagement symbolique. J'appelle chacun d'entre vous à aider à retrouver les figures de la Résistance, à ouvrir les boîtes à souvenirs cachées. L'histoire de la Résistance inclut des actes modestes mais décisifs, qu'il est crucial de rappeler.
Je voudrais terminer en reprenant ce que vous avez dit, Madame, sur les valeurs du CNR. Elles fondent encore aujourd'hui le débat démocratique dans notre nation. Le CNR représente l'unité face à l'épreuve, réunissant toutes les formations politiques, les organisations syndicales et tant d'autres. Cette journée nous rappelle les épreuves, les reculs et les progrès de la France, de l'émancipation des Juifs en 1790 à l'abolition de l'esclavage en 1848, en passant par les infamies du régime de Vichy.
La Résistance a permis à la France de se relever et de retrouver sa place parmi les vainqueurs, grâce aux hommes et femmes de la Résistance. Vive la République et vive la France.