Discours de Michaël Delafosse - Inauguration de l'esplanade Charles de Gaulle
Il y a 6 mois, nous étions présents sur la place de la Comédie pour le lancement d'une très grande mesure sociale et écologique, faisant de Montpellier, la métropole la plus grande d'Europe, à appliquer la gratuité des transports. Le monde ne s'est pas effondré, au contraire, 25% d'usagers supplémentaires, au contraire, des villes de toute l'Europe viennent nous voir et rencontrent madame Frêche, que je veux saluer, pour voir comment faire chez nous. Mais oui, six mois plus tard, nous sommes là pour montrer une chose, c'est que les travaux prennent fin un jour.
Oui, date, jour, heure, 21 juin 2024 à 19h. C'est prêt.
Les travaux de la Comédie esplanade franchissent une étape supplémentaire. Mais avant de vous parler de ce qu'il reste à faire, permettez-moi de revenir sur le passé. En effet, depuis 40 ans, les municipalités successives, et ce n'est pas un reproche, ne s'étaient pas emparés de cette place et de l'esplanade.
La vision fondatrice fut celle de mon illustre prédécesseur, Georges Frêche, qui transforma l'œuf où les anciens Montpelliérains se donnaient rendez-vous. C'était un rond-point, celui de la RN 113. Et en 1986, un grand damier piétonnisait la Comédie.
C'était le grand mouvement des villes qui décidaient de se piétonniser. Cette volonté transformatrice, c'est la même qui nous habite aujourd'hui pour être à la hauteur des enjeux. À l'ouest de la ville, dans ce quartier emblématique et si attachant de la Paillade, que la tour d'Assas va progressivement disparaître.
La piscine, Le bassin de plein air Neptune est en train d'être réhabilité. Avec la ligne 5 de tramway, ce sont nos universités qui se métamorphosent. Avec la connexion à la gare Sud de France avec la ligne 1, c'est un nouveau quartier qui voit le jour, celui de Cambacérès.
C'est partout une place plus importante pour les piétons et les cyclistes, symbole d'une ville solidaire et volontariste pour relever l'immense défi de la transition écologique et solidaire. Cette volonté transformatrice, elle s'applique aussi au centre historique de Montpellier, surnommé l'écusson. Cœur battant de notre Métropole, au rythme comme ce soir de la culture mais aussi de nos commerces, de nos événements qui s'y déroulent.
Comédie du livre, hivernales, grand rassemblement festif. Et ce soir, fête de la musique et allez les bleus ! Oui, le cœur de ville, c'est le cœur battant. Et comme le disait Julien Gracq, le cœur des villes est fragile comme le cœur des mortels.
Nous, nous voulons prendre soin du cœur de Montpellier, celui où est née notre ville, un 26 novembre 985. Celui qui avait des remparts, la commune clôture. Celui de la citadelle Joffre et de son esplanade royale du Pérou où arrivait l'eau par l'Aqueduc au XVIIIe siècle.
Et donc, notre stratégie, elle est claire pour le centre-ville. Le revitaliser, l'embellir et en faire un lieu du commun. Le revitaliser, je l'ai dit, avec les nombreuses manifestations.
Cœur de ville en lumière, les hivernales, la Comédie du livre. Remplir ce magnifique palais des congrès. Soutenir l'implantation de nouveaux commerces.
Et ils sont nombreux. Savez-vous, chers amis, qu'à Montpellier, nous sommes la capitale du jean français, fabriqué en Lozère et vendu à Montpellier avec l'enseigne Tuffery. C'est ici que se revitalise le centre.
Soutenir le commerce est important parce que face à Internet, face au commerce de périphérie, il est fragilisé. Nous devons le défendre. L'embellir.
Le verbe est ici important. Merci à toi, cher Laurent Nison, du travail que tu consacres à cela. Délégué aux grands travaux et à l'embellissement de la ville.
Oui, Embellir. Je prends en exemple l'Italie, les îles, c'est magnifique.
Une ville d'Italie, du nom de Sienne, au XIIIe siècle, à un jour proclamé, la volonté d'ériger le beau comme guide de l'action. avec ses travaux d'embellissement, nous revendiquons la volonté du beau. Parce que le beau est l'adversaire de la banalité et de la vulgarité.
Le beau, c'est ce qui vient convoquer en nous, humains, notre sensibilité, notre émotion. On aime ? On n'aime pas. On adore ? On trouve ça moyen.
Mais on commente. Oui, pour Montpellier, il nous faut avoir cette exigence du beau. Au fond, quoi de plus normal, quand nous sommes la seule ville au monde où ce sont des œuvres d'art qui nous transportent dans les tramways ? Oui, nos tramways sont beaux.
Nos espaces publics doivent être beaux. Et aujourd'hui, c'est l'acte premier d'une volonté d'embellissement, d'exigence autour du beau. Cette volonté d'embellissement, c'est d'autres travaux dans notre ville.
Pour l’Écusson, c'est la place Max Rouquette, cet écrivain occitan, auteur de « Vert Paradis », ce parking au pied du Pérou, qui va devenir une grande place de la convivialité et qui sera inaugurée, notez bien, en septembre 2025. C'est la place des Martyrs de la Résistance, dite la place de la Préfecture, qui sera, elle, inaugurée le 26 novembre 2025, jour anniversaire de notre ville. Sur cette place, l'eau sera présente, Montpellier, la ville au cent Fontaines.
Je viendrai vous préciser, chers Montpellierains, chères Montpellieraines, chers habitants de la Métropole, la date d'inauguration de la cinquième ligne de tramway au mois de septembre. Aujourd'hui, nous ouvrons la seconde phase des travaux de l'esplanade. Mais le 21 juin 2025, je vous donne rendez-vous pour l'inauguration du casque Bosc, fait par l'architecte Marcel Bernard, dans les années 1920, qui a été un don fait à la municipalité, donc aux Montpellierains, du chef d'orchestre Bosc.
Là aussi, on retrouvera une fontaine. Et puis, les samedis à 17h, les dimanches à 18h, ce sera concert de l'Orchestre de Montpellier, de la Cité des Arts, ou des nombreux chœurs de notre ville. Oui, embellir, c'est ce que nous voulons faire, et c'est ce que nous célébrons aujourd'hui.
Cette allée de l'esplanade, qui avait trois grands bassins, connus par certains étudiants les soirs de fête, qui ont disparu, pour resituer une grande continuité piétonne, de l'Opéra Berlioz à l'Opéra Comédie. Des marches d'un opéra aux marches d'un autre opéra. Ce sont nos piétons qui reprennent complètement leurs droits, et c'est bientôt le cycliste qui sera sous terre dans le tunnel de la Comédie, pour permettre de sécuriser les piétons.
C'est sur la place de la Comédie, les dalles qui sont changées, pour ne plus glisser, et pour être réhabilitées. C'est cette bouche du parking, qui était parfois obstruée à la vue, qui a été déplacée. C'est une station de tramway épurée.
C'est une volonté de végétaliser notre ville. Ici, autour du banc, cher Stéphane Jouault, mais aussi là où bientôt nous allons planter 5000 m² de désimperméabilisassions, s'inscrivant dans le programme Ville Nature. Ce sont les arbres qui ont été plantés avec les enfants de Montpellier, qui vont constituer la grande continuité végétale.
Et puis, c'est l'eau, ce système fontainier, généreux et poétique, qui vivra au rythme de la ville, par ses couleurs. Une porte d'eau magistrale, qui, je crois, rendra les Bordelais un peu jaloux. Ils avaient le miroir d'eau, nous, Montpellierains, avons la porte d'eau.
Une ligne d'eau qui nous guidera jusqu'au musée Fabre. Alors, je veux le dire, l'eau est en circuit fermé. Elle est réutilisée et surtout pas gaspillée.
Et d'ailleurs, c'est 40% d'économie d'eau et d'énergie que nous avons réussie. La porte d'eau et la ligne d'eau, c'est un message d'hospitalité, entre la Fontaine des Trois Grâces jusqu'au musée Fabre. C'est une volonté aussi d'adapter notre ville au changement climatique.
Nous avons tous en mémoire les 49°C sur la place de la Comédie, le 29 juin 2019. Soit nous mettons partout chez nous des climatiseurs, soit nous essayons d'ombrager et de rafraîchir la ville. La température pourra aller jusqu'à -7 degrés par rapport à la canicule.
Et au fond, la ville sera refuge. Transformation aussi, vous le verrez ce soir, de la lumière, avec une ambition d'esthétique lumineuse. Une lumière plus sobre, mais plus belle, plus généreuse, pour une ville qui vit aussi la nuit, pas trop tard quand même.
Alors, avant de vous parler du commun et des valeurs qui nous habitent, j'aimerais, mesdames et messieurs, m'attarder un peu dans mon discours pour des remerciements. Aux équipes de Terre et d'Henri Bava, urbanistes, paysagistes, notre fontainier Monsieur Chaz et son entreprise Belle Environnement, que je veux remercier parce qu’on leur doit cette soirée. Remercier chaleureusement les fonctionnaires territoriaux, les équipes de la Métropole et d'Altemed, l'ensemble des bureaux d'études, des entreprises qui ont travaillé.
Et je voudrais avoir, sous vos applaudissements, des remerciements appuyés aux techniciens, aux ouvriers, aux hommes du bâtiment qui ont accompli ce travail. Mesdames et messieurs, vous pouvez être très fiers. Et les applaudissements qu'ils nourrissent, que vous recevez, sont une marque de gratitude.
Ici, Mesdames et Messieurs, j'approche de ma conclusion et du décompte. Nous sommes à Montpellier, une ville millénaire, une ville singulière qui sait dialoguer entre son histoire et sa volonté d'écrire la modernité. Nous sommes ici avec une toponymie qui doit nous dire celle des républicains espagnols qui, face au fascisme, au franquisme, scandaient « No pasarán », sur l'esplanade du général de Gaulle, qui seul appelait les Français à se rassembler face aux ténèbres.
Et bien ici, avec l'espace public qui se dessine, nous voulons dire avec force, dans ces temps troubles, où les forces de la discorde, de l'affrontement, de la désunion, nous voulons que l'espace public soit autour des valeurs de Montpellier, une valeur qui nous rassemble dans nos diversités, qui nous unit, celle qui affirme que Montpellier croit au projet de la fraternité. Cette fraternité, c'est le message de Montpellier. Combien de gens m'ont dit que ça ne sert à rien d'emprunter à Brassens l'amour des bancs publics ? moi, je crois que le banc de l'esplanade, le banc de la Comédie, pardon, c'est un lieu où les amoureux se retrouvent, où les aînés s'installent, où les jeunes se partagent.
Maintenant, il y a les bancs de l'esplanade. Et je vois déjà les scènes des enfants qui jouent avec l'eau sous le regard bienveillant de nos aînés. J'imagine, comme mère, les ados du lycée Joffre, mais aussi de tout Montpellier qui vont réviser le bac, tchatché, s'embrasser.
Oui, ces bancs, ils disent cela. Nous pouvons être ensemble. L'espace public, c'est l'espace du commun.
Montpellier a un destin commun. C'est cet esprit-là que nous voulons porter. Ici, Montpelliérains et Montpelliéraines, que nous allons dire à nos nombreux touristes que nous aimons accueillir, à ceux qui viennent de près ou de loin, vous êtes les bienvenus.
Oui, Montpellier, c'est une ville qui veut rassembler les hommes plutôt que les diviser. Oui, Montpellier, c'est une ville qui veut un monde plus solidaire, plus écologique, plus fraternel. C'est cela que les travaux que nous inaugurons ici portent et ceux que nous livrons ailleurs dans la ville.
Oui, dans ces temps, il faut affirmer avec clarté et conviction. Il faut dire, il faut faire. Il ne faut pas discourir, il faut choisir.
Alors, il est temps de dire et de faire. Et c'est avec la magnifique jeunesse de Montpellier que nous allons inaugurer la mise en eau de l'esplanade des arts et de la culture Charles de Gaulle.
Place à la musique. Vive Montpellier.