« C’est par la beauté que l’on sauvera le Monde » : Ouverture au musée Fabre d’une grande rétrospective consacrée à Pierre Soulages

Image de Colette Soulages en compagnie du Maire.

Monsieur le directeur régional des affaires culturelles, cher Michel Roussel, madame la députée Fanny Dombre-Coste, mesdames et messieurs les élus, madame le Maire honoraire de Montpellier, monsieur le Premier ministre, cher Laurent Fabius, nous sommes extrêmement honorés de votre présence à Montpellier, ici. Vous étiez venu tenir session du Conseil constitutionnel, au lycée Clémenceau, au lycée Jules Guesde et à la faculté de droit, mais l'auteur du Cabinet des douze et Tableaux pluriels, et le grand amateur d'art que vous êtes, celui qui a porté la Normandie impressionniste. Évidemment, je voudrais saluer Colette Soulages pour sa présence, et lui dire la joie immense qu'elle est la nôtre, de la savoir à nos côtés, ici. Et Madame la directrice du musée.

Alors, cher Michel, vous avez utilisé le thème rencontre.

Je vais tenter de dire émotion. Il y a de l'émotion à cet instant. Émotion d'abord parce que Michel Hilaire a quitté ses fonctions de directeur du musée Fabre, et aujourd'hui assure le co-commissariat, et c'est vrai que c'est un moment particulier dans l'histoire culturelle de notre ville, dans votre histoire personnelle, cher Michel, vous qui avez tant donné pour le musée Fabre, pour le dialogue entre les œuvres et le public de Montpellier, et permettez-moi à nouveau publiquement de vous témoigner d'une très profonde reconnaissance pour cela.

Montpellier vous doit beaucoup. Émotion, car Montpellier et Rodez ont des liens. C'est Pierre Soulages, du musée Fenaille, à l'école des Beaux-Arts, qui se trouvait dans l'actuelle Maison des Relations Internationales.

J'ai eu la chance, chère Colette, d'être à vos côtés et de rencontrer Pierre Soulages, et je savais tout l'attachement qui était le sien, le vôtre, à ce triangle, Rodez, Conques et Montpellier. Et aujourd'hui, c'est avec émotion que nous vous saluons, chère Maude Marron.

Vous avez beaucoup fait pour le musée, vous avez co-construit cette exposition, mais nous sommes très heureux que vous preniez la direction du musée Soulages à Rodez, car d'une certaine manière, nous en sommes certains, vous serez dépositaires de ce triangle si important à la mémoire de Pierre Soulages.

 

Merci infiniment de votre engagement aux côtés de Michel Hilaire et des équipes du musée. Émotion également, chère Colette Soulages, à votre endroit. Ici, votre nom est inscrit en deux lieux de Montpellier.

 

Le premier, vous étiez représentée par, je me permets de vous citer, monsieur le professeur Guillaume Cayla, qui a porté votre parole lors de l'inauguration de l'école Colette et Pierre Soulages, que nous avons rénovée, chère Fanny, chère Véronique, et qui a été qualifiée par le Midi Libre plus belle école de France. Il fallait bien cela, avec le nom de ce couple qui a tant fait pour la beauté. Mais, chère Colette, votre nom figure aussi, et nous y avons tenu avec Madame Hart, sur ce qu'est aujourd'hui la maison des relations internationales, mais qui fut l'école des beaux-arts où vous avez étudié.

Pierre Soulages, résidant à l’époque dans notre belle ville et vous, prenant le train entre Sète et Montpellier. Et vos deux noms rejoignent de nombreux artistes.. Et votre présence aujourd'hui est un grand honneur.

Ici, les très nombreux habitants de la Métropole qui sont là se souviennent de l'émotion quand cette nouvelle triste fut arrivée que la disparition de Pierre Soulages. Le musée, et j'en salue les équipes à nouveau, nous l'avions décidé gratuit, nous avions organisé le week-end, et il avait été spectaculaire que pour rendre hommage, 5000 personnes viennent voir des œuvres d'art. Il y a mille manières d'affronter un chagrin, de saluer quelqu'un qui quitte ce monde.

Et bien, ce geste était tellement beau, tellement fort, nous rendant si fiers d'être Montpelliérains à cet instant que nous nous sommes dit qu'il fallait qu'au musée Fabre, au musée Fabre, nous tenions la première grande rétrospective après l'hommage national qui fut rendu par le président de la République à Pierre Soulages à l'hôtel des Invalides. C'est donc une œuvre, une exposition, pardon, marquée aussi par cette émotion du lien qui existe entre Pierre Soulages et Montpellier, et ce musée qui a façonné son regard, comme le musée Fenaille, mais là, d'autres parleront mieux que moi sur cela, qui a façonné son regard et qui a tant compté, au point que le Maire de l'époque, Georges Frêche, a accompagné le très beau projet, les très généreux projets de donations d'œuvres permettant de réaliser l'extension du musée Fabre avec l'architecte Laurence et Emmanuel Nebout, que je veux saluer. Et au moment où cette exposition rétrospective s'ouvre, c'est aussi avec émotion que nous lançons les célébrations du bicentenaire du musée Fabre, pour rappeler que ce musée a été à la fois un musée de donateurs, un musée d'acquisition, bien sûr, mais un musée qui compte pour façonner le regard des artistes.

Et cette semaine, la Une du Midi-Libre et de la Gazette ont été consacrées à cela. Et nous devons poursuivre l'œuvre pour la culture et pour le musée. Ainsi, nous lançons un grand programme des enfants ambassadeurs du musée, une classe parraine une œuvre, pour que dans les cours de récréation, la discussion soit autour des œuvres qui sont dans ce musée.

C'est pour cela que, chère Marie-France, par votre entremise et votre opiniâtreté, nous aurons le plaisir, au mois de décembre, d'ouvrir un Guimet + à l'hôtel Sabatier d'Espeyran. C'est pour cela que, à nouveau, le cabinet Nebout, pour son talent et son écriture architecturale, va engager la rénovation, la rénovation... C'est bon, ce sera le Corum, la rénovation. L'extension, avec le soutien de l'État et de la région Occitanie, que je remercie, pour construire une nouvelle salle d'exposition de 1000 m2.

Célébrer Pierre Soulages, c'est bien sûr se plonger à nouveau dans son œuvre et assurément découvrir l'immensité de son travail. Mais être un musée qui possède des œuvres de Pierre Soulages, c'est une ardente obligation de poursuivre cet engagement en faveur de la culture, en faveur de la peinture. Donc, si vous m'autorisez, chère Colette, de raconter publiquement cette anecdote dont vous m'aviez fait le cadeau à Pierre Soulages quand il a rencontré le Général de Gaulle, alors Président de la République.

Pierre Soulages rencontre le Général de Gaulle et de Gaulle lui demande Monsieur Soulages... Oui, c'est l'histoire, non ? Il dit :

« Monsieur Soulages, comment va la peinture en France ? » Et Pierre Soulages répond :  « Mal ». Et bien, de Gaulle répond : « très bien, Malraux va s'occuper de cela. »

Et bien, ici, il y a tous les amoureux de Malraux.

C'est à lui de nous occuper de la culture, de faire des choix de politique publique, des choix budgétaires, chers collègues élus, en faveur de nos musées, des artistes, de tous ces lieux qui nous élèvent et qui portent une société de progrès et émancipatrice. Émotion, enfin, et j'arrive à ma conclusion, rassurez-vous, d'être le Maire d'une ville où nous partageons ensemble peut-être quelque chose qui est un peu plus que la chaleur de l'été, un peu plus que la lumière du midi que nous aimons. Ce sentiment singulier d'être une ville qui vit au rythme de vernissages, la semaine dernière à la Panacée, au MO.CO, hier, pour JR., au Carré Sainte-Anne, aujourd'hui, Pierre Soulages, au rythme des festivals où les plus grands chorégraphes du monde entier viennent ici danser.

Et mon discours serait incomplet si, évidemment, chères toutes, chers tous, nous n'avions pas une pensée pour quelqu'un qui nous a tant inspirés, Jean-Paul Montanari. Ce temps des festivals, ce temps des expositions, est un temps très fort, et le week-end prochain, il y aura une forme d'apogée, où Mourad Merzouki, grand chorégraphe, clôturera Place de la Comédie, Montpellier danse. Et où le lendemain, sous la houlette de Michel Orier, directeur du festival de Radio France, Esplanade de l'Europe, l'Orchestre National de Montpellier ouvrira le festival sous cette esplanade magnifique voulue par Ricardo Bofill et Georges Frêche. Cela peut peut-être nous griser parfois, mais moi je crois qu'il faut ici le dire avec force, dans ce monde si inquiétant où les forces du repli et du dénigrement sont à l'œuvre, et bien nous, il nous faut inlassablement, les uns et les autres, chacun à notre place, défendre l'idée de culture, car, chère Maude, votre citation est magnifique, et je dois essayer d'en donner une autre, j'irai convoquer Dostoyevski : « C'est par la beauté qu'on sauvera le monde. »

Nous avons besoin de la culture, et Pierre Soulages, parce que jeune étudiant des Beaux-Arts est venu à Montpellier, il a rencontré ce musée, et cela sans doute accompagné dans son talent immense. Aujourd'hui, devant son œuvre, devant sa mémoire, habitants de la métropole de Montpellier, visiteurs d'ailleurs, nous redécouvrons encore son œuvre, mais nous nous inclinons devant cette immense artiste qui est honoré, distingué, chère Marie-France Marchand Baylet, cher Laurent Fabius, est là en qualité d'ancien ministre d'affaires étrangères, par la plus haute distinction du Japon, distinction remise par Son excellence Monsieur l'ambassadeur du Japon en France, au nom de l'empereur du Japon, un artiste qui vient, dont des œuvres ont été prêtées venant de musées américains avec qui nous entretenons tant de liens. Alors, Rodez, Montpellier, c'est un petit bout de la terre, mais c'est un petit bout de la terre qui a de grandes ambitions pour partager beaucoup d'émotions.

Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier tous ceux qui ont rendu possible ce projet, les équipes du musée, évidemment les deux co-commissaires qui ont apporté, Madame la Directrice, chère Colette Soulages, les mécènes privés, BNP Paribas, OC SANTE, l'aéroport de Montpellier, la banque Dupuy de Parseval, mais surtout, vous, tous et toutes qui allez dire : « venez, venez à Montpellier, une ville qui aime les artistes, une ville qui aime la culture, venez découvrir l'œuvre de Pierre Soulages. »

 

Merci, vive la culture, vive Montpellier !