
Monsieur le Sénateur, Monsieur Hussein Bourgi, merci de votre présence. Monsieur El Moudden, représentant le Département. Monsieur le représentant d'Ibuka France, merci d'être venu à Montpellier ce dimanche. Madame la représentante, merci de vos mots. Merci à tous les deux de vos mots.
Je voudrais ici vous remercier d'avoir chanté avec une voix absolument magnifique des choses très fortes qui ne nous laissent pas insensibles. Je voudrais exprimer ma gratitude à chacun d'entre vous qui êtes présents ce dimanche matin. Je voudrais remercier Hervé Missud, porte-drapeau, qui donne tout le caractère solennel à cette cérémonie.
Ce drapeau a été prêté par Danielle Aben, Présidente de la société de la Légion d'honneur. Cela illustre le caractère très important de cette commémoration, au même titre que d'autres qui se déroulent ici à Montpellier. Cette stèle, pour nous, ici, a été une demande, mais il a été évident d'y répondre favorablement.
Et l'année dernière, nous nous souvenons de la cérémonie extrêmement poignante qui s'est tenue sous un soleil ardent. Une des oratrices était une des survivantes du génocide. Elle nous a raconté avec ses mots et ses douleurs l'indicible calvaire qu'elle eut vécu et ses cauchemars qui la hantent. Et en cet instant, je voudrais évidemment adresser mes pensées à tous les rescapés du génocide qui sont là et à tous ceux qui sont dans l'épreuve de l'absence. Nos pensées se dressent à la mémoire des plus de 800 000 victimes Tutsi du génocide.
Cette plaque, elle a un objectif, ici la cérémonie, mais aussi dire et aider les professeurs à vos côtés, Monsieur le représentant d’Ibuka, pour assurer le devoir de mémoire. Elle a une importance toute particulière dans notre pays, la France, dont les rapports avec le génocide n'ont pas toujours été évidents. Mais là aussi, le travail des historiens a joué un rôle majeur.
Et je veux, cher Sébastien, ici saluer le rôle de Vincent Duclert, que j'ai récemment reçu, qui a réalisé un travail très important pour éclaircir ce que fut l'attitude de la France face au génocide : ces silences, ces complicités…C’est important. C'est dur pour nous, mais affronter l'histoire, c'est permettre de faire œuvre de mémoire.
Alors, je voudrais reprendre plusieurs points de vos interventions respectives et saluer à nouveau. Le premier point, c'est la naissance du génocide. Il y a l'accomplissement, mais il y a l'idéologie qui précède au génocide.
Vous l'avez évoqué, des lois de séparation raciale empêchant les hommes et les femmes de vivre ensemble, cherchant méthodiquement à les séparer, à les classer, cherchant à créer et à flatter les pires instincts de détestation et de haine. Ici, s'il est évoqué, le paysage magnifique du Rwanda des mille collines, ces radios Mille Collines qui, sur ces ondes, du soir au matin, du matin au soir, attisaient les haines et déclenchaient les pulsions.
Ces discours ont conduit le terrible : les machettes utilisées par des voisins pour assassiner d'autres voisins, par des parents tuant d'autres parents pourtant dans la même école… Tout cela parce que le travail préliminaire avait été engagé. Tout n'a pas été dit, loin de là de l'horreur et de cette barbarie. Tout n'a pas été montré.
Vous avez évoqué ici la disparition de pièces de manière méthodique. Les réalisateurs de cinéma, les écrivains ont encore du travail pour nous montrer ce qu'est la réalité d'une violence génocidaire. Je veux ici saluer vos propos.
Il n'y a pas de concurrence mémorielle. Il y a un devoir pour l'humanité d'assumer toutes les mémoires. Le génocide des Tutsis vient rejoindre le triste cortège de celui du génocide arménien de 1915 mais aussi celui de la Shoah et du peuple Tsigane durant la Seconde Guerre mondiale. Je veux ici saluer vos propos et le travail, Monsieur le représentant d'Ibuka, qui est fait dans un lieu important dans notre pays, au mémorial de la Shoah, pour bien montrer la logique génocidaire, pour bien l'expliquer aux générations qui viennent, qui sont l'espoir de notre monde.
Vous avez employé ce terme de rapport à l'universalité ; c'est le travail modeste mais résolu qu'entreprend Montpellier en tenant ce type de cérémonie si importante, en ayant érigé ici cette stèle, en étant à vos côtés autant que possible pour mener ce travail de mémoire. Nous serons à vos côtés, à vos côtés pour transmettre, pour expliquer.
Et ce sera ici ma conclusion, je veux ici le dire avec beaucoup de force : nous avons tous ici un devoir de vigilance. Cela a été dit. Les réseaux sociaux, les relativismes, les complotistes. Nous voyons même des dirigeants des grandes nations du monde construire des contre-vérités, bafouant le travail méticuleux des historiens qui s'appuient sur les témoignages, sur les preuves.
Il y a, face au génocide, les assassins de la mémoire, les négationnistes. Il nous faut mener ici un travail résolu contre eux. Mesdames et Messieurs, par votre présence ce matin, vous vous dressez face à cela.
Nous sommes les gardiens de cette mémoire. Et je veux le dire à ceux qui sont dans le deuil du génocide, à ceux qui ont vécu l'épreuve du génocide ; en étant ici si nombreux à vos côtés, nous nous portons en gardiens de cette mémoire. J'en fais comme Maire de Montpellier un devoir. Je vous remercie.