Le parc Guilhem VIII, un écrin de 18 hectares de nature, hommage au savoir et à la tolérance, en réalisant la ville de demain

parc Guilhem VIII

Bonjour à tous, je veux évidemment saluer Stéphane Jouault, adjoint à la nature en ville, Émilie Cabello, adjointe de quartier et vous Madame Osty, Architecte Paysagiste de ce magnifique parc. Je tenais absolument à ce qu'on fasse en votre présence cette inauguration, parce que vous êtes grand prix de l'urbanisme et c'est une distinction importante dans notre pays pour reconnaître ceux et celles qui pensent la ville, ses aménagements ; qui réfléchissent à comment la ville peut être cette expression d'Aristote « là où il y a l'autre », comment on est ensembles, on dialogue avec la nature, on se retrouve dans nos espaces urbains…

En France, vous avez réalisé beaucoup d'aménagements et d'espaces publics y compris pour d’autres Maires, que ce soit Arnaud Robinet ou Johanna Rolland, pour ne citer qu'eux. Vous êtes une des signatures de l'écriture de la ville.

Aujourd'hui, vous êtes paysagiste pour ce grand parc Guilhem VIII, mais vous êtes aussi celle qui participe aux travaux d'embellissement que nous portons dans le centre-ville qui fut pendant très longtemps un peu laissé à l'abandon : Esplanade-Comédie, Parking Max Rouquette devenant une place…

Vous êtes celle qui travaillez sur le rond-point transformé en la nouvelle place des Martyrs de la Résistance. 140 jets d'eau seront présents, avec une grammaire du sol, de la pierre… Elle est très attendue des Montpellierains, d’autant plus qu’elle commence à se découvrir. Tout le monde dit : « quand est-ce que ce sera fini ? ». 

Ça tombe bien, nous l’inaugurons le 25 novembre 2025 !

Pour nous, votre présence fait partie de l’histoire de Montpellier. La ville s'est toujours appuyée sur son développement urbain, sur des urbanistes, des paysagistes de référence. Qu'il me soit permis peut-être de vous associer au plan de Michel Desvigne, qui est celui qui a pensé la Canopée le long du Lez, cette entrée avec Mendès-France, très végétalisée, qui a été le grand plan masse des plantations dans le parc Charpak, et qui a fait ce plan guide sur la partie d'extension de la ville. Lui aussi est grand prix de l'urbanisme.

Tout comme, évidemment, des noms de l'architecture sont présents dans Montpellier. Nous, on a commencé beaucoup avec Ricardo Bofill, mais d'autres sont venus.

Ce parc est encore dans un quartier en devenir. D'abord, il s'inscrit dans une stratégie de la municipalité qui est de donner plus de parcs aux habitants de Montpellier et de la Métropole.

C'est, par exemple, le square Christine Boumeester derrière la Cité des Arts : un projet immobilier finalement transformé en un espace très agréable.

C'est, évidemment, le square Suzanne-Babut, avec un échange fécond avec le rectorat qu'on a pu ouvrir aux habitants et où, maintenant, les professeurs font l'école dehors, quand, parfois, l'épisode caniculaire est très difficile.

C'est le 19 juillet, à la Restanque, la désimperméabilisation de sol pour faire le parc Nino Ferrer dans le quartier de Montpellier-Sud.

C'est aussi une pensée globale sur les parcs pour qu'on se les réapproprie. En ce moment, nous sommes discrets mais on reprend tous les cheminements. Ce sont vos collègues de Base, urbanistes paysagistes qui nous accompagnent, pour que les personnes en fauteuil roulant, pour que les poussettes, pour que les promeneurs se le réapproprient.

Quand nous avons fait la ZAT dans le quartier de la Mosson, tout le monde était émerveillé de découvrir ce parc. Et, aujourd'hui, il se réaménage.

C'est le travail que nous engageons sur le grand Lunaret, Montmaur avec l'aspect zoologique et l'espace de la valette, où nous voulons ouvrir plus, pour que nous puissions respirer, nous retrouver, fêter les anniversaires, bouquiner, jouer au ping-pong. C'est très important.

Vous savez, Madame Osty, il y a une question qui a été très difficile au début de mon mandat, posée par les journalistes qui me disaient : « Monsieur le Maire, c'est quoi la ville d'après Covid ? » Je ne savais pas répondre à ça. J'avais du mal à comprendre.

Finalement j’ai compris. Quand dans une ville, on protège les terres agricoles – c’est ce que nous allons très largement faire avec notre PLUi -, on demande aux gens d'habiter plutôt sur des hauteurs, on donne des jardins et des espaces communs...

Ce sont les places, les espaces publics, les parcs, les jardins... Ce sont des espaces du commun, où ils peuvent se retrouver et partager, courir, lire, se promener en amoureux, prendre l'air, promener les enfants.

On attache beaucoup d'importance et beaucoup de moyens pour faire cela. En plus d'une grande ambition, qui est de planter des arbres partout où nous le pouvons, pour contribuer à atténuer le réchauffement climatique et défendre une idée qui surgit maintenant, qui dit un droit à l'ombre, un droit à la fraîcheur. Et bien, ici, on y œuvre.

Et puis, à Montpellier, vous l'avez dit, le parc, c'est toujours une contrainte créatrice. Le parc Georges Charpak, c'est un bassin de rétention, mais c'est aussi un grand lieu de joie, le 14 juillet, quand on tire le feu d'artifice. Il nous protège de la Lironde, lors des caprices, des épisodes cévenoles, dont nous sommes coutumiers, au mois de septembre.

Le parc d'Arménie est aussi un bassin de rétention. J'en ai oublié plein, la liste est longue.

Ce sont des lieux, lors des risques, qu'on ne fréquente plus, et on le sait. Mais entre-temps, on en profite. C'est connu de la mémoire des vieux Montpellierains et Montpellieraines, qu'ici, cela peut être très dangereux. C’est donc à la fois un bassin de protection et lieu de parc. C’est ce que vous avez réussi comme contrainte créatrice, c'est-à-dire à nous protéger, en transformant un espace en un grand lieu d'agrément.

Je le dis pour qui ? Tout simplement pour les entreprises qu'on incube à la Halle de l'Innovation, qui directement sortent et peuvent aller dans le parc ; pour les étudiants du lycée Mendès-France pour qui cela deviendra leur espace dès la fin des travaux ; pour la future école de commerce, l'école numérique Ynov ; les milliers de gens qui vont venir travailler dans ce quartier d'affaires, qui est le quartier Cambacérès.

D'ailleurs, une nouvelle est tombée, et je veux féliciter les équipes du développement économique Dassault Systèmes, qui a fait le choix de Montpellier et de Cambacérès pour s'implanter sur le territoire. Voilà des choses qui nous réjouissent, parce que derrière, c'est de l'emploi.

Si les entreprises choisissent la Métropole de Montpellier, c'est qu'elles sentent bien qu'il se passe quand même quelque chose. Pour la qualité de vie, pour la connectivité aux infrastructures, pour la politique culturelle, pour la politique sportive.

Ces grues que nous voyons ce sont autant d'entreprises qui s'implantent dont les employés iront sans doute entre midi et deux, iront courir, partager des moments ensemble un peu à la manière de l’effet machine à café.

Aujourd'hui, on inaugure le parc Guilhem VIII mais on a d'autres rendez-vous : le 18 octobre, nous serons heureux d'accueillir, enfin, la ligne de tramway qui connectera la gare Sud de France à la gare Saint-Roch. Ce sera aussi une desserte pour tous les habitants de la métropole pour profiter de ce parc.

D'ailleurs, l'avenue de la gare porte le nom des philosophes des Lumières, qui nous rappelle que c'est toujours la raison qui doit guider l'action. Et voyez où je veux en venir. Il est temps de parler des gens et des lieux.

Ici, nous sommes dans le quartier Cambacérès, qui est le grand légiste montpelliérain qui a habité dans la Mairie qui a été restructurée par mon amie Jackie Galabrun à Saint-Drézéry. Cambacérès était un grand homme de droit montpelliérain, grand légiste puisque c'est l'auteur du code civil.

Cambacérès, il a écrit la modernité juridique de notre pays et il porte le nom de ce quartier. D'ailleurs, aujourd'hui, il y a une entreprise qui s'appelle SEPTEO, que je veux saluer, plus grande Legal Tech européenne qui est basée à Montpelier et qui réinvente la manière de produire et utiliser le droit.

Quand il a été question de donner un nom ici, j'ai dit à l'équipe municipale, il faut choisir des noms, des grandes figures de l'histoire de Montpelier qui, eux, ont contribué à écrire la modernité. Parce que dans ce quartier, et je veux en saluer Madame Verrier, les équipes d'Altémed, les équipes de la Métropole qui travaillent sur les plans masse depuis très longtemps, les équipes du développement économique…

Ici, on écrit la modernité de Montpelier. Les grandes entreprises qui s'implantent, c'est celles qui participent à la dynamique économique de ce territoire. Il faut aller chercher la force dans la profondeur du passé : Cambacérès et Guilhem VIII.

Guilhem VIII, vous savez, à Montpelier, c'est le grand oublié. Et pourtant. Là c'est le moment histoire. C'est facile à Montpellier, on sait quand est ce que nous sommes nés : le 26 novembre 1985. Et c'est pour ça, Madame Osty, qu'on va fêter l'anniversaire de la ville le 26 novembre 2025 sur la place des Martyrs de la Résistance.

Les Guilhem sont une dynastie seigneuriale. La ville se développe au fil de la dynastie.  Mais Guilhem VIII, c'est un seigneur qui a changé le destin de Montpellier pour trois raisons.

D'abord, c'était un prince qui aimait les arts. Il y a une représentation sur le sceau de lui jouant de la harpe. Il nous rappelle peut-être que la place de la culture doit être essentielle dans le projet Montpelier.

C'était aussi un grand diplomate. Il s'est marié à l'impératrice byzantine Eudoxie parce qu'il souhaitait nouer des alliances, comme on le faisait à l'époque par le mariage, avec le puissant empire byzantin. Il avait donc une forme de sagesse géopolitique pour assurer la prospérité de sa ville. Il avait donc le souci de parler avec tout le monde.

Et enfin, en 1180, alors que dans la ville, partout, il y a des écoles de médecine entretenant des rivalités de qui est le meilleur médecin ; inspiré du savoir arabo-musulman traduit par les médecins juifs et en particulier la dynastie Ben Tibbon.

Il y a dans Montpellier des chrétiens, des mahométans, des juifs qui contribuent à ces écoles de médecine. Et avant 1160, les textes racontent déjà qu'on venait de toute l'Europe se faire soigner à Montpellier. À ce moment, Guilhem VIII prend une décision qui va changer le destin de Montpellier. Il va prendre un édit de tolérance retranscrit dans le hall de la faculté de médecine dans le bâtiment ancien, qui dit qu'il n'y a pas de monopole pour recevoir un enseignement et enseigner la médecine. Sous-entendu, il ne suffit pas juste d'être chrétien pour pouvoir enseigner la médecine.

Et ça, ça va faire de Montpellier un des lieux de dialogue entre différentes civilisations. Les arabo-musulmans qui étaient tellement avancés au Moyen-Âge sur le savoir médical, qui avaient conservé le savoir des Grecs et des Romains d'Hippocrate à Galien sur la médecine. Et les médecins juifs qui parlaient l'arabe, qui le comprenaient, qui le traduisait ainsi que le grec permettant de donner aux médecins d'Occident cette connaissance.

Par cet édit, Guilhem VIII va changer le destin de Montpellier et nous vivons encore sur cette décision. Le pape qui avait bien repéré l'affaire de la médecine à Montpellier, écrivit une bulle. Puis, le légat Conrad qui arrive le 17 août 1220 et qui fonde la faculté de médecine de Montpellier. La plus ancienne faculté de médecine hippocratique au monde, je dis bien hippocratique, par respect pour la civilisation indienne, chinoise.

Montpellier doit son essor à cette tradition de tolérance. C'est pour ça qu'au XIIe siècle s'installe un mikvé, bain rituel juif ; c'est pour ça qu'à côté du Corum, nous avons découvert des tombes mahométanes, de musulmans et évidemment des histoires liées à la chrétienté.

 

Ici, cher Jacqueline Osty, en dénommant Guilhem VIII le parc que vous avez dessiné, au-delà d'un lieu qui est celui d'une convivialité urbaine, d'un art d'être ensemble, de pratiquer le tennis de table, de pique-niquer, de s'allonger, il t a une idée très puissante derrière.

Pour les 6 millions de voyageurs qui descendent de la gare Sud de France, il y a un message : nous avons besoin de la tolérance pour assurer notre prospérité et la modernité.

Le nom de Guilhem VIII rejoint celui de Cambacérès, qui était homosexuel, mais qui devait le cacher, mais qui fut un des grands légistes et qui écrivit la modernité juridique de la France.  Ces noms-là ne sont pas des figures pesantes du passé, surtout pas. Ça doit être des figures inspirantes, des références, des manières de nous projeter dans le monde.

Moi, j'aime Montpellier plus que tout. J'ai l'immense honneur d'en être son Maire, mais ma conviction profonde est que Montpellier doit respecter son histoire, puiser de la force dans son histoire pour écrire sa modernité et tracer son destin. Et l'un ne peut aller sans l'autre.

Ce parc, qui est un grand lieu du commun, va permettre aux employés des start-up, des entreprises des énergies renouvelables, des étudiants, des jeunes en PEP qui sont en mécanique au lycée Mendes-France, nos féminines qui s'entraînent au gymnase Spinosi en handball. Mais aussi ceux qui voudront imiter Alexis et Félix Lebrun qui s'empareront de ce parc et qui feront naître des idées nouvelles qui contribueront ainsi au développement de notre ville.

Nous avons d'autres rendez-vous inauguraux dans le quartier Cambacérès. Tout le monde trépigne sur la connexion de la ligne de tramway. Mais nous avons aussi des rendez-vous d'inauguration de premières pierres de bâtiments où, justement, des entreprises s'implantent et souvent celles qui vont apporter des solutions technologiques au monde de demain. Je pense aux énergies renouvelables, aux entreprises autour de l'intelligence artificielle et de la santé.

Alors, merci Madame Osty, merci à tous les ouvriers, tous les bureaux d'études, les entreprises, nos pépiniéristes, comme nous disons à Montpellier, qui ont contribué à cette réalisation qui est à la fois protectrice, mais aussi fédératrice, parce que on a hâte d'organiser des grands événements : cinéma sous les étoiles, un concert de l'Orchestre de Montpellier…

Enfin bref, on mettra toujours l'imagination au pouvoir pour faire de belles choses qui nous rassemblent, qui nous unissent. Nous en avons tant besoin en ce moment.

Merci !