La grande porte de Sainte-Anne s’ouvre à nouveau sur l’histoire de Montpellier

image

Je suis, tout d’abord, honoré d'être entouré de l'équipe municipale, très nombreuse pour ce moment important pour notre si belle ville. En 2017, Sainte-Anne fermait ses portes. Aujourd'hui, en 2025, Sainte-Anne rouvre ses portes.

Combien de personnes, de Montpelliérains et Montpelliéraines, sont attachées au patrimoine, à la politique culturelle ? Les commerçants, les quartiers, les habitants, m’ont interpellé avec gentillesse en me disant : « Monsieur le Maire, quand Sainte-Anne va-t-elle rouvrir ? » Nous y sommes. Je dois vous avouer qu'en 2021, après quelques interpellations, j'interrogeais les services de la mairie sur l’avancée des travaux. Le dossier était plutôt en bas de la pile. Il n'avançait pas beaucoup, mais les choses se sont remobilisées et les travaux se sont engagés. J'y reviendrai.

Ce lieu, bien sûr, est lié à la politique culturelle de Montpellier, cher Numa Hambursin. C’est également un lieu important dans l'histoire de notre ville.

Nous sommes ici dans le quartier Saint-Firmin, celui d'une ville qui, au XIIIème siècle, était une ville prospère et dynamique grâce au développement de ses écoles de médecine et de sa faculté nouvellement créée par le légat du pape. Cette ville accueillait des commerçants qui venaient de l'Orient, du Levant et qui venaient ici vendre leurs produits. La toponymie de nos rues le rappelle : c’est le cas de la Rue de la Loge, qui accueillait la Loge des marchands.

Ici, certains éléments des fenêtres renvoient aux influences du Levant et de Beyrouth. Alexandre Melissinos, qui est l'un des grands architectes du patrimoine, a quitté ce monde avec une connaissance encyclopédique de chacun des bâtiments de notre ville.

Ici, nous sommes dans le cœur historique de Montpellier. Au XIXème siècle, une préoccupation anime le conseil municipal sous la conduite du Maire bâtisseur de l'époque, Jules Pagézy, qui est d'engager, vous l'avez dit, la percée haussmannienne de la rue maintenant dénommée Foch, du Peyrou vers la Préfecture et qui devait aller jusqu'à l'Esplanade. Le Maire Pagézy est le Maire qui va mener un certain nombre de travaux transformant Montpellier au XIXème siècle.

Sous une sollicitation de la population, apparaît la nécessité de reconstruire ici une église qui a disparu. Celui qui a la charge de ce dossier appartient à une famille connue de notre ville, Bazille, liée comme aïeux au peintre Frédéric, et c'est Gaston Bazille. Et c'est lui qui, au mois d'août – à l'époque, il n'y avait pas les congés payés – délibère, rapporte au conseil municipal la construction de cet édifice religieux.

Et il dit que ce bâtiment doit être vu en tout lieu et en tout point de Montpellier. Chers Montpelliérains, chères Montpelliéraines, venez avec moi au printemps des Comédiens, vendredi soir. Mettez-vous dans l'allée de la folie du Domaine d'O, et vous apercevrez le clocher de Sainte-Anne. Venez visiter l’avenue de Lodève, empruntez la rue de la Tour Buffel. Mettez-vous sur le pont où, aujourd'hui, passent les voitures sur l'Avenue de la Liberté, et vous verrez Sainte-Anne.

Montez en haut du Pic Saint-Loup, qui nous domine et que nous connaissons dans nos cœurs grâce à Vincent Bioulès, immense artiste de notre ville, et vous verrez Sainte-Anne. Ainsi, le vœu de Gaston Bazille est toujours là. Sainte-Anne, par son clocher, façonne notre paysage et, j’ose le dire, notre imaginaire.

En 1991, Georges Frêche transforme ce lieu en Carré Sainte-Anne. L'église est désacralisée, et la Cathédrale Saint-Pierre et d'autres lieux du culte catholique, Sainte-Thérèse, Don Bosco, dont nous venons de fêter les 40 ans, assurent aux croyants catholiques des lieux pour être reçus.

Je veux ici saluer la mémoire d'une figure du quartier qui nous a quittés il y a une dizaine d'années, Ida Anselmo, dont Sadik Farabi, ici présent, est le successeur et organise les vide-greniers qui animent Sainte-Anne. Car autour de cette église et du Carré, la vie est présente, comme nous la connaissons à Montpellier, autour de la culture, autour du lien social.

Le Carré Sainte-Anne redevient un lieu de la culture à Montpellier. Et il se trouve que, sous l'autorité d’Hélène Mandroux, Maire de l'époque, je me retrouve ici à venir vernir les expositions qui ont lieu. Et très rapidement, c'est M. Numa Hambursin qui va en assumer la direction artistique.

Il dirige aujourd'hui notre École des Beaux-Arts, le MOCO, avec la Panacée et l'Hôtel des Collections. Et c'est lui qui assure la programmation à venir du Carré Sainte-Anne, qui va programmer les artistes qui vont façonner la mémoire de cette ville.

Sainte-Anne se ferma en 2017 pour des raisons de sécurité, d'abord et avant tout, car la sécurité du public est une responsabilité pour le Maire et elle conduit souvent à prendre des décisions de protection. Il le fallait. Et comme je l'évoquais tout à l'heure, en 2021, rien n'avait avancé. Et nous avons donc accéléré, pensant très rapidement rouvrir Sainte-Anne.

Je voudrais ici avoir un mot pour l'ensemble des ouvriers, et vous l'avez dit avec vos mots, plus justes que les miens, les compagnons. Il y a deux ans, en faisant la visite du chantier, j'ai rencontré des hommes et des femmes incroyables, des tailleurs de pierres qui me parlaient de leur métier.

Des pierres de plus de 200 kg qu'il fallait soulever puis placer au millimètre près. Ces tailleurs de pierres, ces plombiers dont nous ne verrons pas les visages, ceux qui ont repris les vitraux, travaillés sur la lumière. Je tiens à remercier l'ensemble des entreprises, des hommes et des femmes qui les composent, qui ont relevé ce défi.

La municipalité que j'ai l'honneur de conduire a souhaité les mettre à l'honneur, avec le nom de chacun et de chacune, dans cette entrée, pour leur témoigner, en votre nom, notre gratitude. Ce ne fut pas simple. A chaque fois que le chantier avançait, des désordres étaient constatés. Et vous avez eu des mots très gentils à notre endroit. Nous n'avons pas mégoté sur les choix.

Il fallait mettre Sainte-Anne en sécurité pour le siècle qui vient. Il n'y aura pas de nouveaux rendez-vous avec les Montpelliérains et les Montpelliéraines pour saluer des travaux de rénovation d'ampleur de Sainte-Anne. Il n’y aura des rendez-vous que pour le vernissage des expositions.

Rendez-vous en 2100, au mieux. Parce que, justement, toutes les études ont été faites, tous les dossiers d'archives sont là, tous les corps de métiers pourront réintervenir si nécessaire. Tout a été remis à jour, proprement, chère Agnès, sous ton autorité et celle des services de la culture, du patrimoine.

Mesdames et messieurs, 5 millions d'euros d'argent public ont été consacrés pour rénover ce lieu. Il faut le faire. Et nous allons continuer. Je suis avec le président de l'université de Montpellier, Philippe Augé, que je veux saluer très chaleureusement, ainsi que John De Vos, nouveau directeur du Jardin des Plantes.

Et qu'a-t-on fait pour ce jardin ? Nous allons, à l'automne 2025, enfin rouvrir sur le Boulevard Henri IV ce joyau qui était le Jardin Botanique de Montpellier, premier jardin botanique de notre pays, créé sous Henri IV. A l'occasion des 20 ans de la disparition de l'écrivain occitan Max Rouquette, nous avons repris la place où il jouait, où il lança le tambourin. Et la place est réappropriée, et vous pouvez voir sur son tracé le trait du tambourin.

Cette place sera rénovée et permettra d'ouvrir le centre-ville vers les Arceaux. Et les travaux que vous constatez actuellement sont des marches nouvelles, une fontaine pour se rafraîchir, mais rappelant le chemin de l'eau, celui qu’Henri Pitot réalisa pour amener l'eau ici, au XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Et en cette année des 80 ans de la Libération du sol national et de la victoire des Alliés contre les ténèbres, nous réhabilitons la place des Martyrs de la Résistance, où 140 pavés honoreront la mémoire de Montpelliérains et de Montpelliéraines, chers Sébastien Cote, chère Boris Bellanger, qui ont trouvé la force et le courage pour lutter contre l'occupant. Ils ne possèdent aucune plaque, aucun nom de rue, et il était temps de saluer leur mémoire.

Bref, notre action, elle est collective, au service de ce joyau qu'est l'Ecusson de Montpellier, où il nous faut des hommes et des femmes de l'art, des professionnels aguerris, pour respecter le patrimoine et surmonter une épreuve, l'impatience du Maire, qui évidemment aimerait tellement, pour les Montpellierains, que les choses aillent plus vite.

Mais dès que vous êtes sur le patrimoine, il faut savoir prendre le temps pour bien faire les choses. Et le travail, mesdames et messieurs, que vous allez découvrir, il n'y a pas de réserve à lever, il est admirable. Il est admirable sur le plan patrimonial, et maintenant, cher Numa Hambursin, il est formidable pour permettre à la culture de reprendre ses droits dans ce lieu. Pour que des artistes s'en emparent et l'habitent dans sa monumentalité, dans son histoire sacrée, et finalement viennent ici cultiver notre imaginaire.

Et c'est le street artiste JR qui, par une œuvre participative, consacrera l'exposition inaugurale le 26 juin, et rouvrira culturellement Sainte-Anne. Merci à vous de votre patience pendant les temps de chantier, jamais agréable, mais ce sont des temps nécessaires pour bien faire, mais surtout pour partager la joie qui est la mienne.

Nous entrions par la petite porte à Sainte-Anne, et, en accord avec M. Turini, Archevêque de Montpellier, que je veux très chaleureusement remercier, nous allons pouvoir entrer par la grande porte. Et donc, vous allez découvrir immédiatement Sainte-Anne. Je vous demande de devenir ambassadeurs des expositions qui s'y tiennent.

Ce soir, après l'ouverture de la porte, c'est en chœur que nous allons célébrer. Et je veux ici remercier les choristes qui sont présents et qui nous accompagnent pour cette inauguration. Voilà, c'est un grand moment que nous partageons aujourd’hui.

Encore merci à tous et à toutes, aux 200 compagnons qui ont travaillé sur ce projet.  Recevez, au nom des Montpelliérains et Montpelliéraines, nos remerciements les plus sincères.

Vive le Carré Sainte-Anne, vive Montpellier.