
Merci beaucoup, M. le Président, cher Elie Korchia. Merci beaucoup, mesdames et messieurs, membres du Conseil d'administration, de cette invitation, M. le Président. Je voudrais dire trois choses. D'abord, évoquer un souvenir, celui qui a été l'initiative du Consistoire de faire ce grand déplacement où j'ai eu l'honneur d'être invité, avec un certain nombre d'élus locaux, en Israël.
Ce fut un moment incroyable pour moi, de découverte de ce magnifique pays, d'en comprendre les enjeux. J'ai quelques souvenirs du temps que nous avons passé à Abou Gosh , qui permettent de répondre aux infamies qui surgissent des mots de ce monde, de ceux qui parlent d’apartheid. C'était un dialogue incroyable, dans une ville extraordinaire. J'ai aussi le souvenir, et celui-là est lié à mon métier de professeur d'histoire-géographie, devant le mémorial de Roglit, et ce fut pour moi, mon ami Alain le sait, un moment qui m'a particulièrement marqué.
Et plus globalement, ce pays qui écrit sa modernité à une vitesse incroyable, tout en respectant son histoire. Je veux vraiment remercier le Président Elie Korchia pour cette initiative d'avoir proposé à des élus de la République, et d'autres, nous étions présents, et de nous aider à comprendre, de partager, parce qu'on a eu aussi beaucoup d'échanges. Et donc merci, merci pour cela.
Puis, évidemment, quand s'est produit le 7 octobre, Israël a été frappé en son cœur par les terroristes islamistes du Hamas. Comme la France fut frappée en son cœur par des fanatiques islamiques. Paris, Nice, hélas, beaucoup d'autres villes de France. Et je veux le dire ici avec force, depuis le 7 octobre, vous le vivez, l'antisémitisme se déchaîne à nouveau sur le sol de France.
Il se déchaîne, mais malheureusement, souvent je me fais un devoir de rappeler que ça avait commencé bien avant, depuis le début de ce XXIème siècle ; avec le gang des barbares, avec les blagues odieuses de Dieudonné, avec tout un certain nombre de signes que la société n'a pas voulu voir et assumer. Je suis ici devant vous pour rappeler ce qui, pour moi, me semble être une évidence de notre pays : c'est que la France ne doit jamais composer, tolérer, se taire face à l'antisémitisme.
La France est le premier pays au monde à avoir donné, chère Michaël, l'émancipation aux Juifs à la Révolution française. C'est le pays qui est regardé de par le monde, quand l’affaire Dreyfus se déchaîne et qu'à l'est de l'Europe, l'antisémitisme donne d'autres pogroms.
Et donc, je veux ici témoigner modestement, parce que la tâche est immense, mais indéfectiblement de l'engagement que doivent avoir tous les élus de la République dans le combat face à l'antisémitisme. Je le dis avec un propos solennel, parce que si certains ont eu des mots en arrivant qui me touchent, en fait, ce sont tous les élus qui doivent livrer ce combat, parce que l'hydre, le venin, le poison, se cachent dans nos silences, dans les clairs obscurs. Et pour moi, il est fondamental que dans tout lieu, en toutes circonstances, nous prenions la parole.
Nous le devons en fidélité à notre histoire. Nous le devons parce que la jeunesse a besoin de repères et parce que les valeurs qui font la grandeur de ce pays qu'est la France, c'est sa République, qui a, dans chaque synagogue de France, une prière qui lui est dédiée. C'est toujours très touchant quand on assiste à l'office.
Eh bien, il faut combattre. Et donc, je veux vous le dire parce que je sais le doute qui habite beaucoup de membres de la communauté dans notre pays. Je le sais, et c'est pour moi une fêlure personnelle comme citoyen.
Et donc, nous devons nous battre. Nous étions ensemble. Ce fut un grand moment dans la douleur, sur les marches de l'Opéra Comédie, avec vous, M. le Grand Rabbin, avec vous, M. le Président du Consistoire, quand la synagogue de la Grande-Motte a failli être victime du pire. Mais grâce aux forces de sécurité, grâce au courage des citoyens qui ont prévenu, le pire a été évité et celui qui a commis cet acte aura à répondre devant la justice.
Tout comme quand dans ma propre ville, à Montpellier, un de nos concitoyens, pendant le mois d'août, le mois où on aime se déplacer, découvrir, a été victime de propos antisémites. Grâce au courage de nos concitoyens, il a pu être interpellé. Les bandes vidéos ont pu être captées et justice a été rendue.
Tout comme ce professeur négationniste, hélas, à Montpellier, j'ai utilisé l’article 40 au titre du code de procédure pénale, comme je l'ai fait contre l'influenceur algérien, Doualemn. Les réquisitions du Procureur de la République sont un an de prison, avec sursis. Justice sera rendue, je n'ai pas à la commenter. Ne rien laisser passer. Nous étions ensemble.
Et puis je veux terminer avant d'arriver au sujet qui m'amène, pour dire que depuis le 7 octobre, nous sommes dans une grande confusion des mots. Il faut rappeler qu'il y a encore des otages. Israël a soutenu la France et soutient la France quand nous avons des ressortissants qui sont otages. Moi, comme maire de Montpellier, dans le Hall de la Mairie, il y a tous les visages des otages qui ont été retenus par le Hamas.
J'ai fait cette promesse. Tant qu'ils ne seront pas tous libres, leurs visages seront là. Malheureusement, certains ont perdu la vie, un bébé. Où est l'humanité à cet instant ? Alors, nous souhaitons un chemin de paix pour le Proche-Orient, pour Israël, pour les Palestiniens, je le dis, mais je le dis aussi avec la garantie de la sécurité d'Israël, qui, pour moi, est non négociable, parce qu'Israël est une démocratie, qu'en 1948, notre pays l'a reconnue comme État, et que nous ne pouvons pas laisser passer les mots.
Aujourd'hui, dans les rues de Montpellier, parfois par une minorité, parce que nous sommes un pays démocratique, on entend scander Israël assassin et Delafosse complice. C'est ainsi, c'est violent, c'est dur. Et parfois, mon fils me dit, mais papa, il faut que nous soyons prudents.
Je lui dis, tu as raison, mais nous devons surtout tenir et nous tiendront. Il y a devant vous, un élu de la République qui est convaincu de son devoir. Il nous faut tenir. Parce que le jour où nous nous cédons, nous les élus de la République, alors là, ce sera difficile.
Magnons bien les mots. Quand aujourd'hui, on dit, « de la mer au Jourdain », on dit très clairement qu'on veut faire disparaître l'État d'Israël. Et donc, quand on est anti-sioniste, on refuse, on dénie le droit à l'État d'Israël d'exister. Et moi, je n'oublie pas, en tant qu’habitant de ce monde, qu'Israël a été une terre à la fois ancestrale pour le peuple juif, mais aussi refuge de l'antisémitisme, qui déchirait l'Europe au XIXe siècle, et qui, au XXe siècle, a commis, pour la conscience des hommes, l'irréparable.
Et donc cela, cela nous oblige. Alors à Montpellier, qui est une très belle ville, vous êtes tous les bienvenus, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous nous vivons depuis 900 ans avec une communauté juive (titre ?). Quand nous avons fêté les 800 ans de la faculté de médecine de Montpellier, le grand Rabbin est venu apporter son humour légendaire, et surtout, son érudition. Et nous avons rappelé que, si nous avons la plus ancienne faculté de médecine hippocratique en activité, non pas en Europe, mais au monde, c'est parce que, justement, les saints juifs étaient les traducteurs du savoir arabe.
Il y avait les manuscrits qui m'ont été donnés à voir à la bibliothèque de Fès récemment, et donc qui ont été traduits pour favoriser l'enseignement de la médecine. Et donc la présence juive à Montpellier est l'une des plus anciennes dans ce qui était le royaume de France. Sur le sol de France, elle a contribué au développement de notre cité par la science, par le rayonnement intellectuel, au point, pardonnez ce moment d'orgueil, où Montpellier possédait 35 000 habitants, comme Paris.
A Montpellier, on venait apprendre la médecine, devenir médecin et se faire soigner de toute l'Europe. Cette contribution, nous la devons à la présence juive, qui est là depuis toujours. Présence juive qui est manifestée par deux objets exceptionnels.
Le premier, il est caché, parce qu'il doit être protégé, c'est un Mazor du XIVe siècle, qui est dans les archives municipales présentes, et qui rappelle qu'alors que les juifs de France étaient exclus à Montpellier, une petite communauté religieuse était encore là, et sans doute protégée. Et puis, et c'est ce dont je veux vous parler aujourd'hui, à l'invitation du Président Elie Korchia, je veux le remercier parce qu'il a fait preuve d'un enthousiasme, se rappelant d'ailleurs d'une photo à cinq, avec Alain, Michaël, Rahim, Elie, dans le mikvé, qui est un des bains rituel présent et parfaitement conservé dans le quartier de la Barralerie, qui est un des lieux les plus incroyables de présence de la communauté juive et de sa présence multiséculaire à Montpellier.
Ce mikvé est conservé. Et aujourd'hui, grâce à Michaël Iancu, qui dirige l'Institut Maïmonide, qui participe au débat intellectuel dans notre ville, il est aussi tous les jours visité par des gens qui viennent de loin, et par tous les scolaires de Montpellier.
Et c'est un lieu de compréhension de la tolérance, c'est un lieu où l'on va retrouver nos racines, où s'approprier des racines : est montpellierain qui s'approprie cette histoire. Et donc ce mikvé, sous la proposition du Président Korchia et avec l'engagement de la municipalité, que j'ai l'honneur de conduire, nous voulons faire un grand lieu du patrimoine hébraïque de notre pays et de l'Europe.
Nous voulons faire un grand lieu du débat intellectuel, du dialogue interreligieux, du dialogue savant, du dialogue qui nous permet de répondre aux défis du présent, et si je peux m'autoriser à commenter le grand Rabin de France, mais l'envie d'écrire ensemble l'avenir. Et donc nous voulons en faire un lieu culturel, muséal, pour comprendre l'histoire de la présence juive à Montpellier et en France, comme il existe d'autres lieux.
Et donc je le présente devant vous avec enthousiasme, détermination, mais surtout l'unanimité de mon conseil municipal, et ça ce n’est pas rien. Nous disons: nous sommes prêts à mettre des crédits pour faire ce lieu.
Nous voulons engager. Donc avec Michaël Iancu qui dirige l'Institut Maïmonide, nous voulons offrir au judaïsme français un des grands lieux qui témoignent de la présence juive et leur contribution au développement d'une ville, au développement d'un pays.
M. le Président, Mesdames et Messieurs les administrateurs, si les temps sont durs, si nous devons faire preuve de résolution et la République de fermeté et la gauche française de clarté, ce que nous voulons faire, c'est justement offrir un élément de réponse. Parce que demain quand nous aurons ce mikvé, ce musée du judaïsme à Montpellier, ce lieu de débat, nous pourrons semer dans chaque enfant de France qui viendra, justement des graines d'intelligence, de tolérance. Voilà.
Et donc c'est par la culture, par l'éducation, par cette valorisation patrimoniale, par cette rigueur que nous voulons écrire un lieu. Et donc voilà, nous allons consacrer des crédits publics et nous allons aussi inviter, je me permets M. le Président de reprendre, pour faire mécéner aussi ce projet, parce que c'est bien sûr, ça doit être le projet des montpellierains. C'est leur devoir, devant leur histoire, ça doit être aussi un projet de dimension nationale et européenne, pour que l'on vienne bien rappeler à chacun l'importance du judaïsme dans l'essor d'une ville et d'un pays.
Voilà, M. le Président, quelques convictions. Et voilà ce grand projet ! Je vous invite, quand vous le souhaitez, à venir visiter le chantier.