Discours prononcé par Michaël Delafosse, maire de Montpellier, Président de Montpellier Méditerranée Métropole à l’occasion de l’inauguration des premières bornes de recharge e-Totem.
Montpellier, Quartier Antigone, le 22 novembre 2024
« Écoutez, ça fait plaisir à entendre, c'est la France qui gagne e-Totem, une solution française d'électricité avec Enedis.
Parce qu'aujourd'hui, sur la question de l'électrification de la voiture auto, dans ce monde, les États-Unis d’Amérique ont une longueur d'avance, la Chine a une longueur d'avance, et nous, je le dis de manière très ferme et très résolue, on n'est pas condamné à disparaître de la carte du monde. Pour 2035, l'Union Européenne a courageusement dit « fin des ventes de voitures thermiques neuves ».
Et donc ici, quand nous avons entendu cette décision-là, outre nos convictions, on a dit on va anticiper ce choix courageux pour agir face à la crise climatique. Et nous avons lancé cette AMI. Qu'est-ce que c'est qu'une AMI ? C'est pas un appel d'offres, c’est un Appel à Manifestation d'Intérêt. En disant à des opérateurs « venez innover sur notre territoire. Venez nous aider à relever le défi de la décarbonation. Aidez-nous à être au rendez-vous pour être prêts pour aider chacun de nos concitoyens à adapter sa mobilité ».
Et vous avez répondu présent. Et après plusieurs tours de chauffe, d'ailleurs, parce que vous avez travaillé, et un me semble essentiel, c'est cette carte (note : le maire montre une carte du déploiement des futurs bornes). Comme maire de Montpellier, je suis très heureux d'être là, mais je serais très fier d'être à côté de mon ami Joël Raymond, le maire de Montaud, petite commune rurale de 1 000 habitants, où aussi il y aura une vente de recharges électriques. Il n'y a pas de station-service, mais maintenant, grâce à vous, il y aura une station de recharge électrique.
Toutes les communes de la métropole vont en être dotées. Au total, c'est 600 points de charge qui vont être déployés, et presque 200 à l'horizon de la fin 2024. Soit, vous commentez les changements du monde, soit vous les anticipez.
Et moi, j'espère, je ne peux pas peser grand-chose, modeste Président de Métropole que je suis, mais j'espère que les industriels français et les politiques gouvernementales vont enfin se décider à engager la mutation de l'industrie automobile française et européenne pour être au rendez-vous de l'électrique. En tout cas, nous, nous créons les conditions pour. D'ailleurs, avant de revenir à e-Totem, que fait la métropole de Montpellier ? Eh bien, comme toujours, elle est au rendez-vous du volontarisme.
Vous avez regardé, je faisais coucou à plein de gens qui passaient. Ça ne faisait pas beaucoup de bruit, hein ? C'était beaucoup de voitures de la métropole. Nous avons consacré 12 millions d'euros pour renouveler notre flotte, pour passer à l'électrique, et je ne regrette pas ce choix, parce qu'il nous fait faire de sacrées économies.
Permettez-moi de vous parler modestement de moi. Moi, je me déplace souvent en vélo, mais parfois, il faut prendre la voiture. Moi, j'ai laissé tomber, quand je suis arrivé, quand j’ai été élu maire, le 4 juillet, on m'a sorti une voiture, c'était une énorme C6, 20 litres au 100, et on me disait « voilà votre voiture de fonction, Monsieur le Maire », j’ai dit « Beurk, allez-vous-en », et on est passé à la Zoé.
Alors, des fois, je demande à monsieur Béral, qui est là, qui me conduit quand j'ai besoin, quand je dois aller ailleurs, et le plein, ça coûte combien ? 6 euros, 7 euros. Alors que l'essence, faites le calcul, pour équivalent, 60, 110 euros.
Et donc, en électrifiant la flotte de la métropole, nous avons fait des économies et aujourd'hui, vous avez dit quelque chose de très important, Monsieur, et ça montre votre grande expertise. L'un des freins à la bascule vers l'électrique, c'est parfois la peur de ce qu'on appelle la rupture de charge. On a peur de ne pas pouvoir faire le plein.
Eh bien là, aujourd'hui, la métropole, avec les 600 points de charge qui vont se dessiner sur tout le territoire, nous allons lever ce frein. Et je suis très heureux de constater que, ça y est, les grands opérateurs d'énergie fossile, enfin, investissent dans leurs stations-service, et non pas qu'un système fermé, pardonnez-moi de jargonner, Tesla, mais des systèmes ouverts qui permettent à tout le monde de faire le plein.
D'ailleurs, Madame Frêche, avec Monsieur Champay, vous avez travaillé pour que, dans le PLUI climat, qui a obtenu l'unanimité des maires, eh bien, les nouveaux permis doivent contenir des points de recharge de bornes électriques à domicile. Tout ça étant un défi considérable pour Enedis, parce que l'électricité, nous le savons, ne se stocke pas, mais nous savons que, quand nous avons des points ici, ça permet aussi de mieux gérer le réseau. Bon, ça, c'est mon cours de sciences physiques de quatrième qui ressurgit là, mais je crois que c'est bon.
Alors, continuons un peu. Vous voyez, là, il y a les travaux du bustram. Alors, monsieur Messner, qui pilote ça d'une main de maître, que je veux saluer avec toutes les équipes de TAM, eh bien, les bus électriques arrivent. Nous allons sortir définitivement des énergies fossiles, comme nous l'avons fait grâce à nos tramways, avec les bus électriques qui sont fabriqués par une entreprise, MAN, et nous allons, là aussi, décarboner nos mobilités.
Pourquoi le faisons-nous ? Nous le faisons d'abord parce que l'énergie électrique n'est pas émettrice de CO2. Et vous avez rappelé la provenance, et je veux le saluer. La France, d'ailleurs, pour le coup, a pris une décision courageuse de fermer ses deux usines de charbon, notamment celle du Havre. Et nous sortons ainsi des énergies fossiles.
Nous avons, donc, l'électrique, qui n'émet pas de CO2, et ça protège la qualité de l'air qu'on respire. Vous savez, cet air, dont le Professeur Henri Pujol, lors d'une séance solennelle de l'Académie des sciences et des lettres, m'avait regardé comme ça et m’a dit « Monsieur Delafosse, vous pouvez faire quelque chose, agissez sur le problème des mobilités, parce qu'aujourd'hui, l'air que nous respirons, il est vicié par la pollution issue des pots d'échappement ».
C'est donc un enjeu de santé publique et un enjeu d'action sur la question climatique. Et là, nous sommes au rendez-vous. Et alors, c'est une entreprise française, Stéphanoise, qui est lauréate : e-Totem.
Nous, ça nous permet de faire des économies. Je me suis permis de le relever, madame Frêche, 100 000 euros. Nous mettons pendant 15 ans à disposition l'espace public avec cette offre de services, et c'est ici qu'on va faire le plein. Alors moi, je suis très content qu'on fasse le plein ici, parce que quand vous avez une station avec des énergies fossiles, vous avez des sols qui sont pollués.
Voyez l'ancienne station ELF sur la RM65, à côté du quartier des Cévennes ? Il n'y a aucun projet qui peut sortir, parce que le coût de la dépollution est considérable. On protège aussi nos sols. Tout le monde s'en fiche, pas moi. Et donc, ici, on va pouvoir recharger.
Et puis, voilà, dans le benchmark, vous avez proposé, madame Frêche l'a très bien décrit, d'être intégrée à l'application M-Ticket. Oui, la digitalisation de nos services est essentielle. Elle permet de faire des gains de productivité. Monsieur Messner, vous me le disiez, en supprimant l'essentiel des horodateurs, au-delà d'améliorer la sécurité, c'est 1,5 million d'euros d'économies pour TAM. On les a gardées à la gare, on les a gardées à Sud-de-France, au CHU. Là, il faut être aidant. Mais sur plein d'endroits, ça nous a permis de faire des économies.
Et l'application M-Ticket, elle est très efficace. Elle est d'ailleurs plébiscitée. Et donc, aujourd'hui, elle est en solution intégrée pour recharger, pour faire bénéficier, aux heures creuses, d'une recharge gratuite, et ça, c'est vous qui en portez le risque. Et je veux le dire, parce que moi, j'aime les gens qui prennent des risques.
Alors, tout ça pour aller vers un point, le cap pour la métropole de Montpellier, il est très clair. Et je voudrais saluer toutes les équipes qui adhèrent à ce projet politique et qui le mettent en œuvre : Nous devons être la métropole leader de la décarbonation.
Pas troisième, pas deuxième, leader, leader. Décarboner est un impératif pour les générations futures, pour la qualité de l'air.
Alors, cette année, on a sacrément décarboné. Vous êtes venus, nombreux, à Cambacérès. Nous avons là-bas la plus grande centrale de géothermie de France, 500 000 m² qui sont chauffés par l'énergie venant du sol. Ici, un choix pionnier fut fait par mon illustre prédécesseur, Georges Frêche, premier réseau de chaleur. Nous en construisons un au nord, et Madame Anne Ferrer, la magnifique et formidable directrice du CHU de Montpellier, va pouvoir sortir de la dépendance du gaz et va utiliser la biomasse pour le CHU. C'est le réseau de chaleur nord. À beau-soleil, c'est les eaux grises, les eaux d'assainissement qui produisent de l'énergie. Avec la mutation d'améthyste, nous allons enfin, avec nos déchets, produire de l'énergie, comme le font toutes les métropoles. Le Havre, Lyon, Toulouse. Nous aussi, décarboner, décarboner.
Nos mobilités, c'est maintenant les véhicules électriques, bien sûr. C'est les bus. Le bustram est la première ligne qui va entrer en service dans quelques mois.
C'est évidemment le 20 décembre 2025, à 11h, la mise en service pour les usagers de la ligne 5 de tramway. Petite parenthèse. Merci et bravo à toutes les équipes, Julie, Monsieur Messner. Faire une ligne de tramway en 4 ans et 9 mois, avec le Covid, avec le choc inflationniste, c'est remarquable. Nous serons la seule métropole à avoir promis une ligne de tramway, à livrer une ligne de tramway. Merci d'avoir surmonté cette France qui meurt, qui nous tue, qui est celle des procédures, et d'avoir fait réussir ce projet.
Merci au préfet Witkowski, Moutouh, très précieux alliés, et Loge qui nous ont accompagnés avec les services de l'État. Je sais qu'il y a encore quelques péripéties, mais on a pris la date la plus tardive, parce qu'on s'est dit qu'il ne faut surtout pas négliger la sécurité.
Donc nous décarbonons. Nous décarbonons. Et moi, je vous le dis, j'espère que le choix que nous faisons d'implanter ces bandes e-Totem partout, j'ai hâte de voir Total et tous les énergéticiens aussi sur leurs propres stations de service répondre à ça. Et j'espère qu'on va voir des voitures françaises, Renault, Citroën, Peugeot, etc., être au rendez-vous de l'électrification.
Parce que c'est le défi. En 2035, vous n'avez peut-être pas relevé cette date, moi je la regarde, plus une voiture à énergie thermique ne sera produite, autorisée, sur le continent européen. Nous, on se prépare. On anticipe.
Et je termine parce que je sais, le dossier fait débat, en 2021 quand on a adopté le calendrier de Zone à Faible Emission. Moi, je suis maire de Montpellier, 305 000 habitants. Les habitants de cette ville, il faut les protéger. Il faut écouter les médecins d'ICM qui vous disent « attention à la qualité de l'air, il faut agir, il y a un mal dangereux qui est l'air vicié ». Alors nous, on a pris un calendrier. Et il y a plein de gens d'ailleurs qui l'ont compris et qui se sont soit mis à l'électrique, soit ont acquis des voitures beaucoup moins émettrices.
Et donc, il y aura un débat à la métropole. Mais le maire de Montpellier défendra ardemment le respect du calendrier. Tout simplement pour donner la trajectoire. On ne va pas mettre de PV, on ne va pas tout de suite poser les panneaux parce qu'il ne s'agit pas d'aller faire de l'argent sur les gens. Mais par contre, on va donner la trajectoire. Et on va dire quel est le cap.
Et grâce à vous, grâce à e-Totem, tous ceux qui vont faire le choix de l'électrique, ils ont maintenant un point de ravitaillement. Et surtout, ils vont faire plein d'économies entre un plein d'essence qui coûte très cher, 70 euros, 7 euros. Donc, l'investissement apparaît un petit peu plus élevé.
Mais comme on le dit maintenant en bon comptable, en fonctionnement, on fera des économies. Et moi, je veux le dire, là, il faut que nous continuions ce mouvement. J'ai aussi entendu que les vélos électriques pouvaient être rechargés. C'est super.
Il y a Module Auto qui est là. Solution d'autopartage. Au lieu d'avoir deux voitures, on a qu'une. Et bravo, c'est une des entreprises les plus innovantes de notre territoire. Je veux la saluer. Elle se déploie.
Et puis, je terminerai parce que des fois, on se dit « mais il est où le maire de Montpellier ? » Bon, j'ai passé trois jours au congrès des maires.
Et je vais vous raconter le congrès des maires. Vous savez, en ce moment, les maires, on est très inquiets. Très inquiets parce que l'état du pays n'est pas bon. L'état des finances, nationalement, ne sont pas bons. Et donc, on est appelé à faire des prélèvements sur les communes. Et le président Lisnard et le vice-président Laignel, tous et toutes, de gauche, comme de droite, disent, attention, c'est dangereux, et on verra ce que M. Barnier et le Sénat décident.
Mais j'ai vu le ministre délégué aux Transports et il a dit « la métropole de Montpellier est absolument remarquable dans sa gouvernance du CERN. Elle est extrêmement volontariste sur sa politique de mobilité ». Je lui ai dit, « Monsieur le ministre, il faudrait un peu d'argent pour nous aider ». Il dit « les temps sont durs ». Je lui ai dit « malgré tout, nous on va continuer ». Parce qu'il faut qu'on soit au rendez-vous. Il faut qu'on soit au rendez-vous.
Et moi, Monsieur, je veux vous dire une chose. Vous voyez, la société e-Totem, je ne parle pas souvent comme ça, et moi, ce que j'aimerais, c'est qu'elle ait comme référence la métropole de Montpellier, et qu'en Allemagne, en Espagne, bref, auprès de mes collègues maires de toute l'Europe, vous puissiez être une solution pour accompagner ce formidable défi qui est l'électrification de la mobilité, parce que le diesel doit être derrière nous. Il a fait trop de mal à notre planète et à la santé des gens. Et je suis très fier que ce soit une entreprise française qui soit lauréate.
Et j'espère que nos grands industriels de l'industrie automobile vont être au rendez-vous de l'innovation et qu'on ne laissera pas que monsieur Musk ou des autos chinoises qui le fassent.
Et donc voilà, que vous puissiez continuer à apporter l'innovation. Et vous l'avez compris, Monsieur, ici, c'est un laboratoire. On tente, vous avez des équipes que vous avez eu la très grande délicatesse de saluer, et ça dit qu'on va faire du partenariat ensemble sur d'autres sujets.
Vous savez, moi, j'ai une phrase : « Quand on pense petit, on finit tout petit. Quand on regarde grand, on devient grand ». Et bien moi, je veux que la métropole de Montpellier soit une grande métropole à la hauteur des grands enjeux qui attendent ce monde.
Et bien là, ça peut vous apparaître très modeste, une bande de recharge. Mais demain, quand on aura 600 points de recharge dans la métropole, on sera au rendez-vous. 200 fin 2024, 400 fin 2025 et 600, à l'horizon 2026. Voilà, je vous remercie. »
Seul le prononcé fait foi.