« Il est temps que la France des procédures arrête d'étouffer la France des projets. Dans les hôpitaux, il y a des projets, mais avec les contraintes pensées par le législateur on dessert l’intérêt général »

Michaël Delafosse lors du 16e Congrès inter régional Nouvelle-Aquitaine Occitanie de la FHF

Discours prononcé par Michaël Delafosse, maire de Montpellier, Président de Montpellier Méditerranée Métropole, Président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) d’Occitanie à l’occasion du 16e Congrès inter régional Nouvelle-Aquitaine Occitanie de la FHF.

Albi, Parc des expositions, le 10 octobre 2024

« Mesdames, messieurs, je veux saluer mon homologue qui représente le Président de la FHF Nouvelle-Aquitaine, avec qui nous organisons ces rencontres.

Mesdames et Messieurs, je voudrais ici dire plusieurs mots. D'abord, saluer l'ensemble des équipes qui ont préparé ce congrès inter régional de la FHF avec beaucoup d'engagement. Quelle illustration d'une fédération bien vivante, active, qui chaque année se donne rendez-vous pour traiter les grands enjeux de l'hôpital public, des enjeux de santé sur nos territoires, des enjeux liés aux EHPAD qui sont également publics.

Je veux remercier les exposants qui sont présents, qui illustrent les innovations nombreuses en santé, notamment un thème aujourd'hui apparaît de plus en plus, c'est l'intelligence artificielle. Je vais y revenir.

L'hôpital public, il est dans le cœur de tous nos compatriotes, les Françaises et les Français. C'est le service public dans les enquêtes d'opinion où l'on exprime le plus fort attachement. Tant d’attachement, car quand on a un souci de santé, nous allons à la rencontre de l'hôpital public, car c’est ce système de santé, cet hôpital public, qui est l'honneur de notre pays. Il soigne, il protège, il est bienveillant. Il est parfois dénigré, parfois injustement mis dans des polémiques politiciennes.

Que le débat démocratique existe sur l'hôpital public, cela est nécessaire. Mais il faut d'abord commencer par en saluer sa force, son engagement, et peut-être nous rappeler que notre pays, la France, possède un modèle unique au monde, où, dans un service des urgences, que vous soyez puissant ou modeste, riche ou pauvre, eh bien on vous prendra en charge de la même manière. On vous prendra en charge de la même manière dans un hôpital où les médecins qui sont formés, qui sont issus de nos facultés de médecine, sont parmi les meilleurs au monde.

Rappeler cela sonne pour vous, professionnels de santé et Mesdames et Messieurs les Présidentes et Présidents de CME, comme une évidence, mais il est aussi important, et c'est la manière dont je conçois mon rôle de Président de la FHF, de porter cette parole, de rappeler l'importance que vous avez dans la société.

D'ailleurs, ces enjeux-là, c'est au cœur des travaux de ce 16e congrès. Des transitions que notre pays, les métiers, l'hôpital public doit affronter. Les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie sont les régions qui connaissent la plus forte dynamique démographique de notre pays. Pour la région Occitanie, c'est 50.000 nouveaux habitants par an. Pour le Maire de Montpellier, c'est 4.000 nouveaux habitants par an.

Cela pose des enjeux de santé. Pour notre système de santé, c'est un défi colossal en termes d'offres de soins. C'est aussi un défi colossal que la transition démographique. Pas au sens tel qu'on l'enseigne « phase A, phase B, phase C », mais quand même, celle du vieillissement de la population sur nos territoires. Nous sommes à quelques années d'un mur ou d'un précipice tant la question de la longévité va être une question centrale.

Gériatrie, EHPAD, combien de places ? Comment nous faisons évoluer nos pratiques pour pouvoir accompagner au mieux nos aînés ? Monsieur le Directeur de l'ARS, je vous sais très volontariste sur ce sujet. J'ai eu le plaisir, comme maire de Montpellier, de voir, grâce à l'ARS, un dispositif absolument remarquable. Ces innovations-là doivent être présentées, elles doivent être partagées.

Transition, évidemment, sur les enjeux climatiques, mais que nous avons pris de plein fouet avec l'explosion du prix de l'énergie, où tous et toutes, qu'on soit président de conseil de surveillance, directeur ou directrice d'établissement d'hôpitaux, que je veux également saluer et remercier, par le coût de l'énergie, avec le choc énergétique lié au déclenchement le 24 février 2022 de la guerre en Ukraine. Aujourd'hui, il faut que nos hôpitaux soient plus sobres, nos établissements sur le plan énergétique, soient plus vertueux sur le plan environnemental.

Ça va évidemment de l'énergie aux déchets et dans les stands que nous avons visités, il y avait là des initiatives remarquables, l'association Envie Autonomie qui montre un chemin. « 1 + 1 fait beaucoup 2 chemins ».

Et donc, les questions de la transition sont aussi dans les débats de ce congrès. Nous vous invitons à voter sur les posters qui sont présents sur un stand pour montrer les démarches qui ont été engagées par de nombreux établissements. C'est un sujet qui est absolument majeur pour la société, pour la parole de notre pays, le respect de l'accord de Paris. Ça vaut pour les collectivités territoriales, ça vaut évidemment pour les établissements publics. C'est aussi important pour le sens, pour l'attractivité.

Aujourd'hui, j'ai un privilège singulier : comme maire de Montpellier, c'est d'assister à la remise des diplômes de médecine à la faculté de médecine et il y a chaque année le discours du major ou de la major de promo et qui donne un peu la tonalité générale de la promo. Et on voit bien que les questions de sens, de concilier l'équilibre familial et professionnel, de sens sur la responsabilité environnementale sont des choses qui sont dans l'agenda des jeunes médecins.

Et les établissements qui emprunteront ce chemin répondront au défi de l'attractivité. Alors, dernier point de transition. C'est aussi, et pour moi c'est particulier d'aborder ce point. Moi je suis Président de la FHF avec, à l'image de François Chollet, que je veux très chaleureusement saluer également. Je travaille aux côtés de Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse. Nous sommes deux métropoles. Et la question de l'organisation de l'offre de soins à l'échelle régionale, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, est une question importante voire majeure. Elle renvoie là au deuxième point qui travaille le débat démocratique. Fierté de l'hôpital public pour le service public, c'est le premier point, mais aussi grande inquiétude de nos compatriotes de voir ici ou là des déserts médicaux ou une offre de soins qui ne serait pas satisfaisante.

Et bien là nous avons collectivement une responsabilité, loin de discours démagogique, de facilité, de travailler pour définir ensemble des coopérations adéquates qui permettent de maintenir les grands équilibres d'accès à la santé, qui s'inscrivent dans les logiques d'un terme qui est assez peu défendu alors qu'il fut très présent dans les années 70-80, l'aménagement du territoire. Créer des polarités médicales de rangs divers, mais qui permettent de mailler le territoire, contribue à l'équilibre des territoires.

Et la parole de Monsieur le Vice-Président de la Région, de Monsieur le représentant de Madame la Maire d'Albi, montre qu'aujourd'hui les collectivités territoriales sont prêtes à accompagner ce dialogue. Et je veux ici, cher Didier Jaffre, au nom des élus membres de la FHF, vous remercier de votre engagement personnel sur tous les dossiers, car rien de plus préoccupant pour un maire que de se dire que nous allons devoir rendre des comptes devant nos administrés sur la question de l'accès à la santé.

Enfin, parce que le contexte nous y pousse, une autre transition nous attend. Nous ne savons pas ce que sera la loi de financement de la sécurité sociale. Nous avons des informations concernant les collectivités territoriales. Elles ne sont pas bonnes, et ça, c'est difficile, mais nous devons toujours aller de l'avant.

Et au nom de la FHF, j'ai adressé un courrier à Madame la Ministre, je viendrai à elle en conclusion, en demandant que quelque chose soit fait. Je sais, Madame la Déléguée-Générale, que vous le portez. Aujourd'hui, l'hôpital public, face à l'hospitalisation privée, il y a une asymétrie qui est redoutable.

Et moi, je vois des équipes formidables s'user à travers les procédures de marché public, qui mènent la temporalité des projets, parfois sur des chemins qui poussent toute raison. Là, il y a des choses qui doivent impérativement bouger.

Alors, l'élite de droite - c'est la punchline du Maire de Montpellier - il est temps que la France des procédures arrête d'étouffer la France des projets. Dans les hôpitaux, il y a des projets, mais parfois, avec les contraintes qui ont été souvent pensées par le législateur pour des soucis de probité, de bonne gestion de l'argent public, et bien ça dessert aujourd'hui l'objectif d'intérêt général.

Je ne sais pas ce que sera la discussion de la part de Madame la Ministre et au Parlement, mais le rôle de la FHF, c'est aussi de porter ces sujets auprès des Parlementaires, dans nos régions, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, au niveau national avec Madame la Déléguée-Générale, mais ce sont des sujets très importants pour donner toute l'agilité nécessaire aux services publics hospitaliers.

Enfin, et ce sera ma conclusion, après les remerciements à tous et toutes, ils iront à l'endroit de Madame la Ministre, Madame Darrieussecq, nouvellement Ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, qui connaît la FHF Nouvelle-Aquitaine, mais qui nous fera demain l'honneur de sa présence. Et mesdames et messieurs, je crois que c'est important que les ministres du Gouvernement de la République puissent, dans les agendas parlementaires compliqués, prendre du temps, et c'est un signal positif que de recevoir Madame la Ministre pour le 16e congrès inter régional Nouvelle-Aquitaine-Occitanie.

Il faut y voir ici une marque de dialogue, d'espoir, de pouvoir faire progresser un certain nombre de sujets, ceux que nous allons évoquer dans les nombreux ateliers qui vont se tenir et il y en a un sur médecine et humanité par un membre du Comité National de l'Éthique, Emmanuel Didier, chercheur au CNRS.

À tous, un bon Congrès et encore une fois, merci aux équipes qui rendent ce moment possible et qui est extrêmement stimulant pour nos réflexions et pour pouvoir oeuvrer à un hôpital meilleur demain. Je vous remercie. »

Seul le prononcé fait foi.