En inaugurant cette œuvre, Montpellier fait une proclamation nouvelle : celle d’une ville qui est ouverte à la création

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Monsieur le Directeur Général d’Altémed, cher Cédric Grail, bravo à vous et à toutes les équipes qui se sont mobilisées pour l'ensemble du projet. J’aimerais également remercier Patricia Carette : les gens ne le savent pas trop, mais elle est quand même la Présidente du FRAC Occitanie.

Le FRAC, c'est une idée géniale de Jack Lang qui permet d'acheter des œuvres d'art, des créations contemporaines. Le FRAC Occitanie possède l'une des plus grandes collections de France, et elle a été élue Présidente nationale des FRAC. C'est une institution culturelle majeure.

Elle a eu beaucoup de modestie. Elle représente ici Numa Hambursin, qui est retenu parce que ce soir, il accueillera Monsieur le Président de la République française, Madame la Ministre de la Culture et Madame la Maire de Paris, au Grand Palais, où il est commissaire de l'expo « Immortelle » que les équipes du MO.CO avaient accueillie. Et il préside le Copaqo.

Autant vous dire que quand on est sélectionné par le Copaqo, on est quand même sous les fourches caudines de gens qui ont l'exigence et qui connaissent et donc qui ont un regard sur ce qu'est aujourd'hui la création contemporaine. Je veux évidemment saluer toutes les équipes qui ont travaillé sur ce long chantier, très long chantier, mais qui arrive enfin à terme et qui est une très belle réalisation. On salue Alma et Tourre Sanchis, les architectes, tous les hommes et femmes qui ont travaillé ardemment, les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs.

Vous avez construit ce bâtiment et on a une grande fierté du territoire, méconnu. Par ailleurs, c’est ici que se situe le siège monde d'EDF Renouvelable. Pas France, pas Europe, Monde. Si vous visitez les équipes, vous avez les gens là, ils sont derrière les tableaux et ils s'occupent des éoliennes aux quatre coins de l'Europe, du solaire en Afrique, en Amérique latine. Et ici, Luc Rémont, qui est l'ancien patron d'EDF, je veux le saluer, était venu et avait dit combien le site de Montpellier était stratégique pour EDF.

On se pose la question de comment on finance les politiques publiques, la gratuité de transport, la culture. Le dynamisme de nos entreprises nous y aide. Et les énergies renouvelables à Montpellier, c'était 2 000 emplois, ce sera 15 000 à la fin de la décennie. C'est comme les industries culturelles et créatives, le Comte de Montecristo tourné au Château d’Engarran, France Télévisions qui se développe.

C'est comme MedVallée. La dynamique est là et c'est un signe important pour tous les investisseurs immobiliers qui doivent nous accompagner pour aider ces entreprises qui sont le symbole du dynamisme économique de notre territoire. De ce territoire qui est résolument ouvert à la création, à l'innovation, au génie humain.

D'ailleurs, en 5 ans, nous sommes passés de 2 restaurants étoilés à 6. Vous savez ce que c'est un restaurant étoilé ? Moi, je n’y vais pas souvent, je n'ai pas le temps puis c’est un peu cher, je ne suis pas là pour juger, mais c'est quand même l'expression de la créativité, de la gastronomie. C'est le symbole de l'exigence, de la rigueur qu’ont aussi les artistes. 6 restaurants étoilés à Montpellier.

C'est le projet d'hommes et de femmes qui entreprennent. Et puis ce sont aussi des choix où la politique est venue. C'est le choix ici du lycée hôtelier Georges Frêche qui permet de donner des personnels incroyables qui narrent, qui racontent les plats.

Et d'ailleurs, un des restaurants étoilés raconte un peu l'aventure du Copaqo. Comment naissent les idées ? Richer de Belleval, c'est un restaurant gastronomique et de bistronomie, un hôtel, cher Thierry Aznar, qui à a ressuscité les œuvres du XVIIe siècle. Déjà au XVIIe siècle, on se posait la question des plafonds du beau et de donner place aux créateurs et créatrices de l'esprit, les artistes.

Et puis qui a su accueillir dans un bâtiment patrimonial Jim Dine, l'un des plus grands artistes new-yorkais des années 80, comme Basquiat, qui nous accueillent sous les premiers plafonds et puis Abdelkader Benchamma, qui a été découvert et défendu par ce galeriste, mon ami Christian Laune, et qui est dans les collections du FRAC, dans plein d'endroits.

A l'époque il y avait une Maire formidable, Hélène Mandroux, et son modeste adjoint à l'urbanisme qui était avant à la culture, moi-même, votre serviteur, et on s'est dit on va challenger les opérateurs privés. Et en fait quand on les challenge, ils sont très bons. C'est comme les élèves, si vous ne leur dites pas qu'il faut être là, ils ne montrent pas.

Je vais venir aux artistes, et je finirai évidemment par ça. Mais ici, vous avez Jacques Ferrier, responsable du pavillon français à Shanghai. Vous avez Philippe Starck, vous avez évidemment Jean Nouvel, vous avez Massimiliano Fuksas, vous avez Rudy Ricciotti, le pont de la République. Vous avez Sou Fujimoto, qui a fait parler de partout. Vous avez plein d'endroits, plein d'endroits. Et ici, les architectes internationaux et les architectes du territoire, ils se challengent.

Et donc, notre ville, les chefs, les architectes, et les artistes, c'est une ambition que nous devons porter. D'abord parce qu’il faut défendre la culture.

Ça, c’est ma posture. En tout cas, moi, tant que je serai là, ça sera le cas. D'ailleurs, moi, mardi et jeudi, je fais un truc, je parle aux Montpelliérains, les habitants de la Métropole, et avec l'équipe municipale et les Maires de la Métropole, on sanctuarise les budgets de la culture. Vous avez vu les tempêtes pour les collectivités en ce moment ? Vous avez vu les difficultés ?

Et j'en fais un choix politique majeur. Je le fais parce qu'aujourd'hui, regardez le monde. Regardez Donald Trump qui est en train de ravager les musées américains. Vous savez, ceux qui sont sur le Grand Mall. Il veut s'occuper de la programmation. Regardez comment, sciemment, Vladimir Poutine a détruit des lieux de culture. Regardez ce qui se passe en Iran, en Afghanistan.

Montpelliérains, souvenez-vous, grâce au MO.CO, formidable, qu'on a accueilli le musée de la Solidarité de Santiago du Chili que Pinochet avait fait fermer, qu'on a accueilli le musée national de la Palestine avec un grand ami à toi, cher Michel, Elias Sanbar, la culture, le musée de Sarajevo qui a été détruit. On a découvert ses collections. Tout ça est tellement fragile.

Et qu'est-ce qui fait qu'on est des êtres humains ? Qu'est-ce qui fait qu'on est l'humanité ? L'humanité, c'est de faire confiance à son génie, aux architectes, aux artistes, aux chercheurs. Et donc, il faut pour ça des choix de politique publique. C'est ce que nous porterons à travers nos budgets.

Et puis, on veut le faire parce qu'il faut la mettre à portée de tous. Il y a des lieux, il y a les musées, il y a les galeries, il y a les salles de spectacle. Et regardez Montpellier.

On ne se rend plus compte. On est tellement habitués. Mais ce week-end, c'est la ZAT. On va à la Mosson. Et là, c'est l'art, le spectacle vivant dans l'espace public. Après, c'est la Comédie du Livre sur l'Esplanade Royale du Peyrou. On peut rencontrer des auteurs. On a l'immense honneur d'accueillir Kamel Daoud, qui défend Boualem Sansal, pour lequel je veux avoir une pensée.

Aucun artiste ne doit être derrière les barreaux. Nous avons ensuite le Printemps des Comédiens. Ensuite, nous avons Montpellier Danse. Ensuite, nous avons Radio France. Montpellier en Festival. Nous aurons, à la rentrée, Arabesques, ce festival qui est ouvert sur les musiques de la Méditerranée, qui permet le dialogue.

Et puis, nous aurons le CINEMED. Ça, c'est Montpellier. Ce n’est pas beaucoup de villes qui peuvent présenter comme ça autant de festivals. Et puis, on est une ville où l'art est présent dans l'espace public.

Alors, je vais étape par étape. Nous, on a fait un truc. On a réalisé des designs pour nos tramways.

Ce sont des œuvres d'art qui nous transportent. Garouste et Bonetti pour la ligne 1 et 2. Christian Lacroix pour la ligne 3 et 4. Et Barthélémy Toguo pour la ligne 5, qui arrive.

Quand vous allez dans les classes, quand vous allez voir les enfants dans les écoles comme on aime le faire, qu'est-ce que vous voyez comme dessin ? Des tramways.

Vous voyez l'imaginaire qu'on leur donne ? On leur doit ça aux enfants. Il y a trop de malheurs dans ce monde pour ne pas incarner un chemin d'espoir. Et quand on met des œuvres d'art dans l'espace public, dans la ville, on met de la poésie.

Ce mot, un très beau mot, a été employé. On façonne un imaginaire. Et il se passe quelque chose. Nous, on veut engager ce mouvement.

Parce que le monde, il est travaillé en ce moment par les forces du repli sur soi et du dénigrement. Moi, je crois qu'il faut défendre le beau dans ce monde. J'aime, je n’aime pas, cette controverse. Dire qu'on aime les artistes et qu'ils sont chez eux dans notre ville. Chez eux.

Ça veut dire que si les artistes sont bien ici, ça veut dire qu'on défend la liberté de créer, de dire, d'interpeller avec leur expression. C'est un plaidoyer qui est le mien. Mais en fait, je n’invente rien.

Elles ont fait quoi, les grandes villes italiennes de la Renaissance ? Gênes, Venise, Florence, Sienne. À Sienne, le conseil municipal, au XIIIe siècle, a décrété le beau. C'est un beau programme politique, le beau.

Et vous allez à Sienne aujourd'hui, c'est beau. Huit siècles après, c'est beau. Et donc, il faut que nous, on ait un mouvement comparable.

On ne pourra pas être Sienne, ni Venise. Mais, il faut qu'on ait ce mouvement. Et je vous disais tout à l'heure, Madame : dans cent ans, elle sera toujours là, votre œuvre d’art.

C'est-à-dire qu'elle va s'installer. Et plus on travaillera comme ça. C'est incroyable. Et moi, je suis un grand défenseur de la civilisation, de la Renaissance, de son humanisme. Où l'homme était au centre de tout.

Et donc, c'est ça que nous cherchons à porter. Alors, on le fait par la commande publique. Bientôt, Germaine Richier viendra s'installer devant le musée Fabre. Où le grand peintre Vincent Bioulès, auquel tous les Montpellierains sont attachés.

Ici, le Copaqo a déjà sévi à Montpellier Sud, avec une street-artiste berlinoise. Et on va en mettre dans toute la ville. Comme il y a Tony Cragg. Et vous voyez une ville où on se promène, on flâne, on se tient par la main parce qu'on s'aime, on cherche un appartement parce qu'on a un projet de vie, on veut développer son entreprise, on est dans un déplacement du quotidien pour acheter son pain.

Au fond, est-ce que l'espace public doit être banal ? Peut-être. Ou est-ce qu'il doit être un lieu de questionnement, d'habitude, d'émerveillement ? Moi, je crois à ça. Je crois à la poésie urbaine. Je crois à ce qui était très bien décrit dans des ouvrages comme ceux de Walter Benjamin, sur la marche de la vie.

Et c'est ça que nous cherchons à faire. Et donc, aujourd'hui, en inaugurant cette œuvre, Montpellier fait une proclamation nouvelle. C'est que c'est la ville qui est ouverte à la création.

À la création architecturale, à la création entrepreneuriale, à la science et aux artistes. Et plus nous serons ouverts, meilleur nous serons. Plus nous donnerons envie aux gens de venir nous visiter, mieux nous vivrons ici et nous aurons donné d'autres chemins que ceux de l'inquiétude que nous devons traiter.

Voilà. Faire une belle ville. C'est souvent l'exigence qu'ont les Maires.

Et ce n’est pas que le Maire. Le Maire, il ne peut pas tout faire. Mais c'est tous les citoyens.

Et je viens là aux promoteurs. Au fond, faire un projet immobilier, c’est bien, mais l’important c’est de faire un beau projet immobilier, surtout. L'architecture, la qualité de vie, les œuvres d'art, tout ça, ce sont des fiertés pour les équipes qui travaillent. Ce sont des références.

Et donc, quand on a une belle référence, ça donne envie à d'autres Maires de dire qu'il faut faire comme ça. Et si tous les Maires de France se mettaient à se challenger pour mettre des œuvres d'art dans leur ville. Imaginez pour les artistes, ce serait extraordinaire. Et vous imaginez ce que serait la France, ce grand et beau pays, pays de culture.

Moi, j'ai été très frappé. Je suis allé à Nice récemment pour parler de la gratuité des transports. Je me suis un peu fâché avec le Maire là-bas. Mais je reconnais que sur la Promenade des Anglais, il y a des œuvres d'art qui jalonnent et c'est assez réussi.

Et je veux le saluer. Nous, il faut qu'on fasse ça à notre manière, comme Montpelliérains. Mais ce que nous faisons là ensemble, c'est ce grand plaidoyer pour la culture. Et quand on défend la culture à Montpellier, on défend la France dans ce qu'elle a de géant. La France, c'est un grand pays de culture, grand pays d'architecture, grand pays d'art. Et nous, on doit aussi contribuer à ce mouvement-là.

Et Messieurs, à travers toutes vos équipes, vous pouvez être très fiers. Il faut vraiment que vous le disiez. Moi, je le dis, je suis cash. Moi, j'adore l'urbanisme, l'architecture, la ville. Ça me passionne. En même temps, c'est normal.

Mon boulot, c'est prof, c'est de transmettre. Mais moi, si je ne vois pas de beau, si je ne vois pas de créativité, si on essaie de me vendre des mètres carrés, des machins, partez.

Je n'ai pas de temps à perdre. Montpellier n'est pas pour vous. Si, par contre, vous dites, nous, on va discuter avec le Copaqo, on va présenter une artiste, avec telle architecture, on sent qu'il y a quelque chose, voilà, on parle, et on discute, et on fait de belles et grandes choses ensemble.

Voyez, c'est ce mouvement, les politiques publiques, les acteurs économiques. Je termine par un dernier point. J'ai lancé un appel au mécénat pour la culture.

Je sais que c'est difficile pour beaucoup d'entreprises, je le comprends, mais il faut continuer à nous aider. Il faut continuer à aider la culture, parce qu'il faut continuer à aider les artistes. Ils ont besoin de nous pour vivre, et nous on a besoin d'eux pour être le meilleur de ce que doit être une société.

Voilà, merci à tous, et bravo.