
Bonjour à tous et à toutes, merci beaucoup de cette invitation.
Pendant 10 ans, j'ai été responsable de l'UNEF, j'ai siégé au CESER, au CSE, au CNOUS, j'ai géré le Régime étudiant de Sécurité Sociale, c'est pour ça que je m'occupe aujourd’hui également de la santé, et que je fais tout pour éviter de rester enfermé sur ce sujet. Mais la réalité me rattrape, parce que je suis aussi le Maire d'une ville qui a une des plus grandes traditions étudiantes, puisqu'elle possède la plus ancienne Faculté de Médecine hippocratique au monde, enfin encore en activité.
Et donc moi, je vis dans une ville où il y a 80 000 étudiants, un quart de la population est étudiante, et il y a, au cœur du développement de la ville, son système d'enseignement supérieur. J'ai vu les intérêts qui sont présents, et je pense qu'en fait, c'est bien de parler de ce thème.
Je vais commencer par reprendre une polémique dont notre pays est champion. Récemment a été dévoilé le chiffre de 500 000 résidents étrangers sur le territoire national par an. C'est super, parce que 250 000, ce sont des étudiants étrangers. Ceux qui viennent contribuer à l’excellence académique française, aux écoles d'Ingénieurs, aux universités de sciences humaines, juridiques.
Ils sont le dialogue entre la France et le reste du monde. Et ils font leur accueil, font en sorte de contribuer au rayonnement de notre pays, ils contribuent à ce que la France, au niveau universel, demeure. Et j'ai été très choqué de voir des gens dire que ce n’est pas bien.
Vous voyez, à Montpellier, le premier nombre d'étudiants étrangers sont les Chinois. Quand on voit là, il y a un très beau papier dans le journal Le Monde qui dit que maintenant, c'est nous qui sommes des pays en voie de développement par rapport à la Chine. Dans plein de domaines, on va se fermer.
Notre relation avec l'Afrique est fracturée, pour des raisons diverses et variées. Et ces jeunes de 20 ans, garçons et filles d'ailleurs, que nous accueillons, préparent les ponts de demain. Et donc, je commence par ça, parce qu'il faut se dire que les étudiants, c'est un statut d'étudiant, mais ce sont aussi des origines diverses. Et c'est très important de défendre cela.
Défendre qu'ils viennent de partout de la planète et de partout du territoire national. À Montpellier, bien sûr, j'ai mes collégiens que je croise régulièrement, qui sont les Montpelliérains, qui grandissent.
Et puis, il y a ceux que nous accueillons dans nos villes. Et ça existe encore, ce récit éminemment républicain. Je viens de Lozère et je vais à Montpellier.
Je viens de certains endroits, de cette ruralité qu'on veut opposer aux Métropoles, ce qui est stupide, de gens qui viennent et faire des études. Et puis, ce sont aussi, par notre système, notre offre de formation, notamment pour les masters, mais vous en parlerez mieux que moi, les grandes écoles, ce sont des mobilités géographiques. On n'est pas étudiants à vie à Montpellier.
On y est 3 ans, 5 ans, 8 ans, mais on bouge. Et donc, cette mobilité, elle pose plein de défis. Ceux du logement, j'y reviendrai. Mais elle permet ce brassage. Et ça, c'est quand même une chance. Montpellier, souvent, a une tâche, une ville très cosmopolite, bien sûr, mais elle est grâce à sa vie étudiante.
Parce qu'on le sent, ce brassage, ces jeunes. Alors, moi, je suis Professeur d'Histoire Géographie au Collège. Et quand j'ai des élèves de cinquième, je leur montre mon quotidien, et je leur dis qu'aujourd'hui, j'ai conduit dans le tramway, dans la ligne 1, c'est-à-dire celle qui va vers les campus, et que j’ai écouté le bruit de la vie. On entend parler allemand, chinois…
Ils n'arrivent pas trop à distinguer, il n’y a pas de mal à cet âge-là. Mais c'est très important et les étudiants y contribuent aussi à cette altérité.
Dans une France qui est tentée de se replier, il faut continuer à avoir un plaidoyer pour les étudiants. Vous voyez ? Parce que c'est l'avenir.
Et que ce pays doute tellement son avenir, il faut qu'il continue à tenir un propos en direction de sa jeunesse. Et donc pour sa jeunesse, un des succès, la réussite de notre jeunesse, c'est qu'on ait plus d'étudiants et qu'on contribue tous, et les Maires ont un rôle à jouer, à élever le niveau de qualification dans notre pays, de formation. Un jeune qui fait des études, il a plus de chance dans la vie qu'un jeune qui n'en fait pas.
Donc il faut continuer à défendre un nombre important d'étudiants pour notre pays. Puisque je parlais de la Chine, ils forment un demi-million d'ingénieurs par an, quand nous, paresseux que nous sommes, sommes encore qu'à 70 000. Et donc, il faut que la nation fasse le choix de continuer à investir dans les offres de formation.
Je serais très heureux de vous entendre sur ce sujet. On manque de médecins, moi je propose que l’on multiplie par 4 le nombre de formations des médecins. Le Président de la République qui proposera ça ne sera pas réélu sur ça. Parce qu'il ne récoltera les fruits de cette action politique que bien plus tard.
Enfin, il faut avoir une vision de l'avenir pour notre pays et dire qu'il faut plus d'étudiants. C'est une vision de l'avenir. Et pour ça, il faut qu'il y ait des villes qui soient partenaires de la Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Ministre de l'Education, et des hommes et des femmes qui défendront l'ambition d'une nation plus savante, plus instruite, plus éduquée et mieux formée.
Et c'est ce que les Maires ont essayé de faire. Et comment ? Comment ? Moi, je n’ai pas grand-chose à dire sur l'offre de formation, quoique, par exemple, aujourd'hui le Président de la Métropole a une partenaire d'un acronyme épouvantable qui s'appelle CPER, Contrat de Plan État-Région. Et nous, on vient financer quoi ? Des labos de recherche pour que l’excellence académique soit au rendez-vous et accueillir des thésards, des BAC+8 qui viennent du monde entier pour que nos laboratoires soient de dimension mondiale.
Chez moi, c'est ce qu'on appelle le CEFE, Centre d'Écologie Fonctionnelle et Evolutive, deuxième au Classement de Shanghai, sur l'approche systémique de l'écologie. Et ça, je suis arrivé, il y avait le drapeau du Brésil, très important pour travailler sur les apports de la forêt Amazonienne.
Nous sommes financeurs de labos d'excellence, mais aussi de la vie étudiante et du logement étudiant et d'infrastructures pour les étudiants. Et donc, de plus en plus, les collectivités sont présentes. Elles le sont depuis longtemps, mais c'est aussi pour elles un facteur de dynamisme économique.
Parce que la renommée de Montpellier repose sous son ensoleillement, mais pas seulement.
Les étudiants pour le pays, les étudiants comme facteur de rayonnement de la ville et comment on peut être partenaire pour leur qualité de vie. Et en définitif, comment on fait pour cet âge, entre 18 et 28 ans, pour ceux qui vont faire des études très longues. Et là se pose la question comment faire pour eux et comment ils peuvent aussi faire bien la vie.
Vous aidez à faire une vie, et pas juste être une expérience consumériste. Et là, c'est comment les étudiants peuvent être contributeurs au projet de ville et donc finalement à un mot qui a un peu disparu du vocabulaire, au vivre ensemble, à une ville fraternelle, moi j'ose l'expression d’Edgard Morin, à être une oasis de fraternité. Et donc comment les étudiants peuvent contribuer aussi à la qualité de vie des habitants.
Alors à Montpellier on fait plein de trucs, et c’est prouvé par le classement de l'Etudiant. On fait plein de choses, d'abord sur le logement, et ici il y a des gens qui investissent et qui sont précieux, et des gens qui pensent la vie.
On a mené plusieurs expériences. En 2008, on a fait un centre d'art contemporain qui s'appelle La Panacée, et au premier étage, une résidence universitaire étudiante. Et on a discuté avec le CROUS, pour qu’il s’appuie sur dossier et résultat, on a les étudiants qui font des thèses d'arts plastiques, art visuel, tout ce qui est en lien avec le culturel et le logement. Ça, ça a été une initiative incroyable, et à chaque fois qu'on se rend dans ce lieu, qu'on le fait visiter, tout le monde est surpris. On a une autre expérience.
Il y a un programme du Gouvernement, je ne suis pas en soutien de la majorité actuelle, qui est le plan des « Pensions de familles » et de « Logements d’abord », qui vise à aider à sortir les gens de la rue par des dispositifs d'accompagnement remarquables. Ça nous a permis de sortir 200 sans-domicile-fixe de la rue. Nous, on a fait, avec un opérateur privé et Habitat Humaniste, un mixte, résidence étudiante et programme « Logement d’abord », avec des architectes qui ont super bien travaillé, des jardins communs, de la copropriété, une entrée commune.
Bon, je ne vous raconte pas, vous voyez, j'en ai de l'émotion, les formidables histoires et témoignages que j'ai lus, parce qu'on a créé de la friction humaine. Les gens qui s'entraident, les gens qui ont vécu l'expérience de la rue, ils ont des choses à dire. Et les gens de 20 ans, ils ont une générosité qui est propre à cet âge sur laquelle il faut investir.
On a mené un programme aussi dont on est très fiers. Moi, j'ai 5 EHPAD publics. Et on a fait, on a transformé cela en logement, en logement étudiant, 5. Ce n'est pas la révolution 5, c'est un projet. Mais on les héberge à un loyer très bas, mais en contrepartie, ils sont avec nos beaux amis. Et là, on a tous les étudiants de psychothérapie.
Et là, c'est incroyable. Et là, eux, ils vivent aussi l'expression. Là, ils sont confrontés aux vulnérabilités.
Ça les change, ça les bouge. Ça muscle leur CV. Dernier exemple sur le logement étudiant que je vais vous donner.
Ici, Jacques Ferrier va construire un bâtiment formidable dans le quartier de la Paillade, qui est un quartier où on met un demi-milliard d'euros par an. Et l'enjeu, c'est détruire, construire.
Mais ça ne peut pas être que ça. Ça doit être l'expression d'une vision sociale de la Région. Et moi, j'ai dit qu'il faut travailler sur qui vit dans ce quartier.
Et avec l’AFEV, qui est une formidable association, formidable, on a 90 étudiants qu'on a mis en colocation étudiante dans des résidences où, franchement, la mixité avait totalement disparu. Et là, moi, j'y vais depuis longtemps. J'ai pris l'apéro. Et j'en viens alors à l’insécurité.
C'est génial, la Paillade. Et là, j'ai croisé une étudiante en médecine qui dit : « moi, je vais m'installer là ». Je dis : « d'où tu viens, alors ? » Parce que la Paillade est aussi un désert médical.
Et donc, on peut innover sur le logement. Moi, j'ai eu des propos très durs à tous les promoteurs.
Vous faites des logements étudiants n'importe où sans en parler, plus jamais vous ne travaillerez avec nous… Il faut dire les choses.
Venez me voir là où j'ai des enjeux. Là où je dois aller rééquilibrer socialement la vie. Il faut être très clair. Je dis donc : « on fait de la culture ». Parce que les étudiants peuvent être un apport.
Vous voyez, solidarité générationnelle, lien à la culture, lien à l'équilibrage social.
Vous avez devant vous le propriétaire d'une boîte de nuit. Oui, le Rockstore, un lieu emblématique, il a failli fermer.
Et nous l'avons acheté. Pourquoi ? Parce qu'à cet endroit, tous les riverains sont habitués aux nuisances depuis longtemps. Et donc, le compromis local, la vie nocturne peut se tenir.
Et puis, c'était en centre-ville. Et les étudiants, c'était aussi la violence routière. Ils se retrouvaient à aller en boîte à l'extérieur de la ville, etc.
Et donc, ça a failli fermer. On l'a racheté. On a laissé les programmateurs qui font le mieux les pros, etc. Et donc là, on a contribué à leur vie sociale, les étudiants. Parce qu'un jour, il y a eu un drame à Brest. Les universités ne pouvaient plus accueillir les soirées étudiantes, les corpos, les syndicats d'étudiants.
Et donc, quid de leur vie nocturne ? Il y a quelqu'un qui est formidable. Il s'appelle Jérémie Peltier. Il dirige la Fondation Jean Jaurès.
Il a sorti un petit opuscule très intéressant qui s'appelle « La fête est finie ?». Il a constaté que les jeunes étaient dans des formes privatives de la convivialité. Ils se retrouvaient chez eux. Alerte ! Parce que ça veut dire que chez eux, c'est l'entre-soi social, culturel, et on perd la dimension rencontre, brassage, pour laquelle j'ai beaucoup plaidé au gros début.
Donc, culture, sport, les étudiants. Alors là, c'est un gros débat avec les Présidents d’Universités. Comment on devient opérateur de leurs infrastructures sportives ? La loi LMU est une bonne loi de ce point de vue parce qu'on essaie de discuter pour ces grandes parcelles universitaires.
Finalement, on arrive à optimiser les terrains de sport. Et donc nous, par exemple, à l'intérieure de l'Université, disons que d’habitude la piscine est fermée, mais quand on paye, qu’on le fait, il y a les pouvoirs d’intégration des étudiants, il y a les habitants du quartier, et là, on crée du lien. Ça vaut ici pour les terrains de sport. Ça, ça doit être un truc, je dis ça parce que je suis à Paris, d'un truc qu'on n'a pas trop traité, c'est l'héritage post-JO, la parenthèse enchantée.
C'est fermé, on a repris nos polémiques, enfin, la question des équipements sportifs, et on pourrait faire des choses. Et puis, dernier point, on va arrêter, notre titre. Vous savez, moi j'étais, je vais vous le dire, révolté, ça c'est l'ancien numéro 2 de l'UNEF qui parle, de voir qu'en France, il y avait des files pour bouffer quand on était étudiants.
C’est un des rares pays du monde où il y a ça. Pourtant, on a des CROUS formidables. Mais une paupérisation est à l'heure. Moi je ne dis pas les efforts du Gouvernement de la République, ces gros efforts qui ont été faits, je ne suis plus le leader de l’UNEF, je suis un peu plus mesuré et objectif. Il y a quand même un sujet, et donc moi, j'ai déclaré, j'ai offert avec la Métropole de Montpellier, la gratuité des transports, c'est mon engagement, on l'a fait, et je le rassure pour ceux qui ont peur, que le monde ne s’est pas effondré.
Voilà, ça prouve que même le Président qui est réservé là-dessus avait quand même bien vu que voilà, on l'a fait, ça se passe bien. Et ça, c'est génial, parce que les étudiants, vous savez, ils ont leurs contradictions, l'écologie, ils sont là à fond, ils ont raison, mais ils viennent quand même encore un peu en bagnole. Et quand on fait la gratuité des transports, on finit définitivement de décarbonner.
Et on arrive à faire une image merveilleuse. Venez avec moi. Dimanche soir, Gare Saint-Roch.
Vous vous installez là, vous regardez la ville, et vous avez des paluchons, des sacs à dos. Et bien ils sont venus avec leur TER à 1€, grâce à la Région, ils ont la gratuité des transports, et ils ont leur sandwich, fait par papa, ou par grand-mère.
Et c'est fini, cette affaire où vous voyez les voitures. Et donc, par cette mesure, on a fait du bien à leur pouvoir d'achat, on leur a dit que notre ville était engagée dans la transition écologique, et on a aussi changé leur rapport d'usage. Alors j'ai bien quelques syndicalistes qui protestent, parce que j'ai rendu payant le stationnement autour des Universités, et je leur ai dit, je ne peux pas me dire écologique d'un côté, je ne peux pas être exemplaire de l'autre, et je fais des efforts.
Mais pour eux, c'est formidable. Parce que c'est aussi un imaginaire. Et vous savez ce qui est formidable, et je termine là-dessus, c'est qu'à la Nuit des Etudiants du Monde, qui est une manifestation qui a lieu dans certaines villes, il y a des étudiants de toute la planète qui ont fait des selfies, qui ont été plutôt impressionnés de croiser le Maire, leur Maire pendant quelques mois d'études, mais ils disent tous la France c'est génial, et ils se diront, chez nous il faut faire la gratuité des transports.
Merci.