
Merci à tous. Je suis très heureux d'être là.
Je voudrais d'abord saluer Madame le Maire Honoraire, mon amie Hélène Mandroux, qui est, je veux le dire, une femme formidable. À la fois pendant dix ans elle a conduit avec force le destin de notre cité, mais y compris dans sa fonction de Maire Honoraire, toujours à nos côtés, dans les épreuves, dans les joies, et aussi dans les conseils bienveillants.
Je veux saluer les nombreux élus présents, Madame la Consule Générale, Mesdames et Messieurs les Consuls Honoraires, merci d'être là. Madame la Présidente qui a organisé cette édition formidable ; c'est très bien que nous joignions ce temps protocolaire anniversaire et qu'on mette en pratique les choses. Merci Mesdames et Messieurs Présidents et Présidentes d'associations d'être à nos côtés.
Je voudrais évidemment avoir un mot pour celle qui fait vivre cette maison. Ma chère Clare Hart, tu as une patate, une pêche incroyable, que ce soit pour représenter Montpellier dans les conférences des Nations Unies, pour être dans la diplomatie des villes aux côtés du réseau Cités Unies France, dont j'ai l'honneur d'être le Président de Medcities (à vérifier), d'être aux côtés de l'AIMF...
Merci à toi et ton équipe pour votre énergie qui traduit l'énergie celle de notre ville. Merci Clare parce que, bien sûr, tu portes, tu partages, mais tu es aussi présente dans les temps d'épreuve. Je me souviens de ce coup de fil où tu m'appelles et tu me dis « Michaël, regarde, au Royaume du Maroc, il y a eu un séisme ». Et on s’est organisé pour pouvoir accueillir. Il y avait déjà des Montpellierains qui étaient là pour faire les dons.
Lors de ce 24 février 2022, qui fut un moment épouvantable pour nous Européens, la solidarité en direction de l'Ukraine s’est mise en place à Montpellier. Les premiers convois sont très rapidement partis. Tu as évoqué le Liban et tant d'autres choses. Merci, chère Clare, merci à l'équipe.
Je ne voudrais pas être trop long. Nous avons voulu faire cette célébration pour plusieurs raisons. Ce jardin est un des seuls lieux où nous essayons humblement mais résolument de construire la paix.
Cette Maison des Relations fut ensuite le lieu de l'École des Beaux-Arts de Montpellier. Vive la culture ! Il fut un haut lieu de culture où Valentine Schlegel, Robert Combas, évidemment Pierre et Colette Soulages et tant d'autres ont étudié.
Et puis, en 2000, Georges Frèche construit un nouveau bâtiment. Il est décidé que cela deviendrait alors la Maison des Relations Internationales. Hélène la baptisera Nelson Mandela.
Parce qu'il nous fallait un lieu, tant Montpellier, après la guerre, et dans son histoire, fut lié au monde.
C'est l'énergie de la jeunesse qui a engagé le premier jumelage avec Heidelberg. Mais je voudrais que tout le monde entende cette histoire. Ce ne sont pas les Maires qui ont engagé le jumelage ; ce sont des jeunes de 20 ans dont, dans les familles respectives, le deuil, la haine de l'autre était présente.
La relation entre la France et l'Allemagne, c'était trois guerres. Les tranchées étaient devenues des tranchées de sang. Les plages de Normandie étaient celles du malheur.
Ici, dans notre ville, il fallait se souvenir des rafles qui conduirent des Montpellierains parce que juifs dans les camps de la mort, sauvés par d'autres. Et pourtant, c'est la jeunesse Montpellieraine et d'Heidelberg qui se rencontra et qui noua un accord d'amitié. Cela a ensuite conduit les Présidents de l'Université de Heidelberg et de Montpellier à conclure un accord. Et puis, ensuite, les Maires ont décidé de se jumeler.
Je veux rappeler cette histoire. Et ici, à la Maison des Relations Internationales, nous, Français, fêtons la fête nationale allemande chaque année. Nous, Français, avons été distingués du prix de l'amitié franco-allemande.
Et cette histoire-là, je vous la raconte, elle est importante. Parce que quand les nations du monde se déchirent, quand les peuples sont encore habités par les haines, il peut exister des voix qui viennent souvent de la jeunesse, pour créer un chemin de paix qui devient un chemin d'amitié. Je l'ai souvent dit, la réconciliation franco-allemande est un chef-d'œuvre de l'histoire, mais c'est aussi une source d'inspiration quand ailleurs le tragique guide le monde.
J'aimerais qu'on entende cette idée-là comme la construction européenne, chère Clare, que tu as rappelée, avec force, où ce continent déchiré par les haines a su offrir à quatre générations la paix.
Ici, nous voulons prendre cela en exemple et nous le disons à toutes les Nations du monde régulièrement. Oui, ici, dans ce petit jardin, dans cette grande ville, chaque peuple peut venir avec sa culture, son histoire, sa richesse, s'il est habité de l'idée qu'il n'y a pas des races, mais une seule race qui dit une seule humanité, qu'il n'y a pas des fraternités, mais une fraternité, une liberté.
Nous le disons. Là où nous sommes, il y a un chemin. Et ici, nous ne voulons qu'aucun drapeau ne soit retiré. Au contraire, nous en voulons plus. A Montpellier, il n'y a aucun grand ou petit pays, il n'y a que des pays amis avec qui nous aspirons à la fin sur cette planète qui mérite un destin commun, plutôt que nous détestations.
Ici, dans cette Maison des Relations Internationales, parfois, les grands inquisiteurs nous convoquent en disant que nous ne faisons pas ci et pas ça. Ici, nous faisons les choses simplement ; nous essayons, là, dans ce jardin, de favoriser la rencontre parce que nous croyons à la vérité.
J'ai été très élégamment cité. Oui, nous voulons bâtir des ponts, là où d'autres érigent des murs. Mais les murs, ils se construisent en ne regardant pas la grande leçon de Nelson Mandela, qui lui, après 27 ans de prison, comme le Président Mitterrand et le chancelier Kohl se tenèrent la main, a su réconcilier les Sud-Africains pour faire la Nation arc-en-ciel, comme nous voulons un monde arc-en-ciel. Ceux qui veulent éduquer les murs le font sur l'ignorance, l'oubli et les haines qu'ils cultivent.
Oui, Nelson Mandela le disait avec justesse, l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde. Ici, par les conférences qui se tiennent, par les dialogues que nous ouvrons, par les échanges que nous avons avec la jeunesse, avec ce que nous pouvons faire, nous cherchons à élever, à grandir et à faire grandir l'humanité.
C'est cela le rôle de cette Maison des Relations Internationales. Et c'est cela que vous, chers Montpellierains et Montpellieraines, dont la diversité, la double nationalité, la pluralité des origines n'est pas l'ennemi de ce pays, mais sa chance !
Moi, je le dis à votre force, les diasporas, les gens de plusieurs futures et origines nous font grandir ensemble. Montpellier a été toujours prospère, riche, tournée vers l'avenir, parce que cosmopolite, fière de ses origines, fière des apports de la science, des apports du commerce, fière des réfugiés qui sont venus bâtir la ville.
Alors ça, c'est l'histoire. Elle est riche.
Aujourd'hui les réfugiés viennent d'Iran, d'Afghanistan, de l'autre côté de la Méditerranée. Nous, nous les défendons. Depuis toujours, cette ville a un devoir d'hospitalité. Et ici, non seulement nous sommes fiers de vous accueillir, mais nous sommes heureux d'apprendre de qui vous êtes pour pouvoir nous élever collectivement.
Alors, chers amis, merci. Il faut continuer à habiter ce jardin de paix en cuisinant, en chantant, en discutant, en tenant et en échangeant par la culture, par l'éducation. C'est ça le rôle de la Maison des Relations Internationales.
C'est comme à Alexandrie, là où il y avait dans l'Antiquité une grande bibliothèque qui fut brûlée par l'intolérance des chrétiens de l'époque. Il nous faut un phare. La Maison des Relations Internationales, c'est le phare de notre ville qui est ouverte sur le monde, qui veut que le monde s'enrichisse mutuellement dans le dialogue et la compréhension parce que nous croyons à son altérité.
C'est la Maison des Relations Internationales, qui recevra encore et toujours plus de jeunes, chères Clare. Car l'ambition qui est la mienne, qui est la nôtre pour Montpellier, est de développer des programmes très importants dans les années qui viennent, si la confiance nous est encore accordée, afin d’éduquer, d’apprendre des langues étrangères…
Que je suis fier qu'à l'école Pierre et Colette Soulages, on puisse apprendre l'arabe, l'espagnol, l'allemand, l'anglais, comme à l'école Dickens, Hypatie, au lycée Fontcarrade, Rabelais pour le chinois, au lycée international Jules Guesde… Apprendre la langue de l'autre, pour mieux comprendre l'autre ; pour que la jeunesse vienne avec ses projets, à l'image des Montpellierains et des étudiants de Heidelberg ; pour pouvoir essayer d'œuvrer dans le tourment du monde animé par la guerre et la crainte du changement climatique ; que la jeunesse puisse s'emparer du destin de cette planète vers un horizon de progrès et de paix, pour construire une valeur : la fraternité universelle.
La Maison des Relations Internationales, et la maison de tous ceux et de toutes celles qui sont habités par cette ambition. Telle est la mission et le rôle de Montpellier, ville cosmopolite, ouverte sur le monde, ville au destin millénaire, et qui va continuer à écrire un avenir radieux pour ses habitants, contribuant du mieux possible à la paix et à l'esprit de coopération dans le monde.
Vive la Maison des Relations Internationales, vive Montpellier, vive la fraternité universelle !